Prendre soin, ça évoque quoi pour vous ?
Le thème de la journée du SEL 2025 est « Prenons soin les uns des autres ». Un sujet qui évoque toutes sortes de pensées, d’actes concrets, de souvenirs, d’aspirations, chez les uns et les autres. Nous avons interrogé plusieurs amis du SEL, leur demandant comment l’expression « prendre soin » résonnait pour eux.

« La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que Dieu prend soin de moi. » Stéphane Lauzet, membre du conseil d’administration du SEL, nous donne le « la » en parlant de Dieu. Mélissa, dont l’entreprise soutient le SEL, précise : « Comprendre l’Évangile, comprendre l’action de Dieu en nous, c’est comprendre que premièrement il a décidé de prendre soin de nous. Il nous a restaurés, il nous a libérés. » Elle explique que Dieu nous dit de marcher avec lui, de lui faire confiance, avec la promesse qu’il prendra soin de nous. Pour Florence, marraine avec le SEL, prendre soin doit être « naturel » pour un chrétien : « Nous avons été créés à l’image de Dieu, Dieu prend soin de nous, donc tout l’amour qu’il nous donne, nous sommes appelés à le redonner. » Elle a cette très belle expression : « Aimer notre prochain, c’est aimer Dieu en retour. »
Prendre soin... de soi ?
Mais à quelle condition serons-nous capables de prendre soin de celui ou de celle que Dieu met sur notre chemin ? David Nolent, directeur du Top Chrétien, souligne qu’il faut savoir prendre soin de soi d’abord. Il illustre cela avec l’image des consignes de sécurité données dans les avions : en cas de turbulences, il faut d’abord mettre son propre masque à oxygène avant de pouvoir aider les autres à mettre le leur. Jacques Bénétreau, membre du bureau du SEL, regarde les choses par un autre angle. Quand on lui demande les qualités à développer pour prendre soin de l’autre, il répond : « C’est de s’occuper un peu moins de soi. Se préoccuper de l’autre, prendre du temps pour y penser, s’informer, connaître des situations pour pouvoir y répondre de façon plus adaptée. » Ces deux points de vue sont complémentaires si on ne les durcit pas !
Rejoindre l’autre
Quand on s’ouvre aux besoins de l’autre pour prendre soin de lui, comment faut-il faire ? Une première notion peut être soulignée : l’écoute. Stéphane Lauzet en parle en rapport avec les situations de pauvreté dans lesquelles se pose le risque du paternalisme de celui qui prétend (trop facilement) savoir ce qu’il faut faire. « Cela demande beaucoup de tact, beaucoup de savoir-faire et aussi beaucoup d’écoute de l’autre. Parce que le besoin que je vois chez l’autre, il n’est pas certain que ce soit son besoin premier. » Il est conscient de l’asymétrie qui caractérise la situation de soin : « Généralement on prend soin de celui qui est plus faible que soi. » Mais il précise aussitôt : « Ou qui est plus faible sur tel ou tel point. » Comme nous avons tous des points forts et des points faibles, il devient possible de prendre soin les uns des autres.
Jéma Taboyan, pasteur de l’Église Libre de Valence, ajoute la considération du regard que l’on pose sur l’autre et du fait de dire à l’autre qu’il existe et qu’il est important : « Il est tellement important que ça vaut le coup, qu’il en vaut la peine. C’est donner à l’autre toute sa valeur. » Anne-Florence Roche, de l’organisation Portes Ouvertes, ajoute plusieurs réflexions utiles sur la manière de prendre soin : « Prendre soin, c’est trouver la bonne distance », dit-elle, « c’est accompagner l’autre tout en le respectant, en le laissant être qui il est, en comprenant son besoin, c’est-à-dire que c’est ne pas imposer, ne pas prendre soin de manière étouffante, laisser de l’espace à chacun. » Elle insiste sur la nécessité de comprendre les vrais enjeux plutôt que de seulement répondre à un élan naturel d’empathie. Elle parle également de rendre les gens capables de prendre soin d’eux-mêmes, de les élever, en aimant suffisamment les autres pour se mettre soi-même au second plan.
Un engagement exigeant
Mais prendre soin n’est pas toujours facile. Mélissa est très lucide à cet égard. Réfléchissant à son expérience de responsable d’un groupe de jeunes dont elle s’occupe avec son mari, elle affirme que prendre soin est parfois une épreuve. « Prendre soin, ça nécessite d’être à l’écoute, de ressentir ce dont l’autre a besoin, mais du coup ça nous éprouve émotionnellement parce qu’on est face à la souffrance de l’autre. » « Ça coûte toujours de prendre soin de l’autre » commente pour sa part David Nolent. Et il ajoute, de façon pratique : « Une personne à la fois. »
La dureté de la réalité, avec les différentes formes de détresse qu’elle comporte, est le contexte dans lequel nous sommes appelés à prendre soin. Anne-Florence Roche parle de Dieu comme de celui qui fait des choses extraordinaires tout en ne réglant pas immédiatement toutes les situations de souffrances – en l’occurrence de persécution pour le sujet sur lequel se concentre l’ONG dont elle fait partie. Stéphane Lauzet l’affirme : « Nous sommes tous pauvres et handicapés. Il y en a certains pour qui cela se voit plus, pour qui c’est plus criant et plus dur. Mais si nous entendons pour nous que nous sommes aussi pauvres et handicapés, cela nous permet d’arriver à une position aussi humble que possible. »
Un appel universel
Florence illustre l’attitude consistant à prendre soin en parlant de son parrainage avec le SEL. Elle évoque le fait de prendre des nouvelles par la correspondance, d’envoyer des cadeaux supplémentaires, de prier. « Je pense que tout le monde peut donner » dit-elle. Effectivement, prendre soin n’est pas une vocation spécialisée mais l’affaire de tous et de chacun !