Les crises humanitaires négligées
Certaines crises humanitaires attirent l’attention et la mobilisation. Au moins pour un temps. D’autres passent davantage inaperçues alors qu’elles peuvent être graves et concerner un grand nombre de personnes. L’Alliance Integral, dont le SEL est membre, vient de publier un rapport sur les crises négligées qui analyse ce phénomène et appelle à l’action.
« Il est prouvé qu’il existe une relation entre la disponibilité du pétrole dans les pays bénéficiaires et la distribution de l’aide humanitaire. »
Ces paroles du rapport d’Integral sur les crises négligées indiquent l’une des préoccupations majeures de ce document : ce n’est pas forcément la gravité d’une crise ou l’ampleur des besoins qui constituent le critère décisif pour savoir si vous en entendrez parler ou si les populations concernées recevront l’aide qui leur est nécessaire.
Il existe toutes sortes de raisons qui amènent à ce que certaines crises soient négligées : de facteurs politiques ou économiques au manque de couverture médiatique en passant par un phénomène de lassitude des donateurs ou d’autres caractéristiques des situations sur le terrain. On peut le comprendre. Mais les besoins n’en sont pas moins criants et il faudrait redresser la situation !
Analyser les raisons
Le rapport d’Integral sur les crises négligées propose en quelques pages une présentation détaillées de cinq facteurs qui conduisent à négliger certaines crises :
- L’impact de l’isolement culturel, politique ou économique ;
- Le manque de visibilité et de couverture médiatique ;
- La lassitude du donateur, l’inertie et la prolongation des crises ;
- Le lien avec le changement climatique ;
- Un soutien insuffisant aux actions locales.
Chacun de ces points est clairement détaillé de façon à donner au lecteur une vue synoptique de la situation. Par exemple, l’insuffisance de la couverture médiatique peut provenir d’un accès limité des journalistes aux zones en crise ou encore d’une surcharge d’informations qui oblige à faire des choix dans ce qui sera mis en avant ou enfin de pressions commerciales. Certains contenus estimés non « rentables » ne seront pas portés à la connaissance du public.
Les auteurs du rapport travaillent pour diverses organisations chrétiennes membres d’Integral. Ils ne se contentent pas de présenter certains faits : ils en donnent aussi leur interprétation (que certains lecteurs pourront avoir envie de débattre) et offrent leur évaluation. L’affirmation biblique de la création de tout être humain à l’image de Dieu est centrale pour leur souci que personne au monde ne soit « négligé ».
La dernière section du document sur le soutien aux actions locales est caractéristique d’une approche professionnelle attentive aux réalités du terrain :
« Un soutien et des investissements accrus en faveur des actions locales renforceront le leadership local et contribueront à éviter que des crises ne deviennent négligées. Les acteurs locaux connaissent le contexte dans lequel ils interviennent et ils sont, en fin de compte, impliqués sur le long terme. »
Passer à l'action
Le rapport d’Integral sur les crises négligées se conclut par un appel à l’action. Il est adressé largement aux gouvernements, aux bailleurs de fond, aux médias, aux ONG, à l’Église et aux chrétiens. Tous ces niveaux doivent être touchés pour s’en prendre au phénomène des crises humanitaires négligées.
Ce qui est négligé et ce qui ne l’est pas dépend, au moins en partie, des valeurs que nous cultivons en commun. L’appel lancé par Integral à l’Église et aux chrétiens de « résister à l’insensibilité face à la souffrance sous toutes ses formes et à reconnaître que Dieu est à l’œuvre dans toutes les situations » mérite d’être entendu. Il suscitera alors une réponse dans la prière et dans le don ce qui donnera du poids à la parole chrétienne dans le monde au sujet des crises négligées !
Pour aller plus loin :
Lire le rapport d’Integral sur les crises négligées (en français)
Découvrir la campagne d’Integral sur le sujet (en anglais)
Lire l’interview d’Isabelle Duval, Directrice des projets au SEL sur le sujet des crises négligées (juillet 2022)