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Tout un village pour grandir

« Il faut tout un village pour élever un enfant ! » Ce célèbre proverbe africain qui parle de façon générale du développement faisant passer progressivement de l’état d’enfance à l’âge adulte est aussi particulièrement pertinent pour une approche des situations de pauvreté que subissent tant d’enfants dans le monde.

Image d'un père portant son enfant ses épaules.

Dans les pays du Sud global, avec leurs contextes si divers et leurs défis redoutables parfois, une approche holistique du développement des enfants dans la pauvreté passe par la mobilisation d’une multitude d’acteurs : c’est un collectif qui doit se mettre à l’œuvre pour ouvrir un chemin de vie aux plus petits comme aux adolescents.

Mais derrière ces compétences multiples, il y a des visages, des personnes, qui donnent d’elles-mêmes pour protéger et favoriser l’épanouissement de ceux et celles dont elles s’occupent.

Nous vous proposons un petit tour d’horizon – forcément incomplet – de ce « village » qui permet de veiller sur des enfants dans la pauvreté pour les en délivrer au nom de Jésus.

 

Les parents ou responsables légaux de l’enfant

Le développement d’un enfant commence à la maison. Rien ne remplace le rôle primordial des parents – et c’est pourquoi la souffrance d’en être privé est si grande et l’orphelin peut être considéré comme l’une des figures de celui qui vit dans la pauvreté.

Il est de plus en plus fréquent aujourd’hui d’insister pour que les enfants en situation de pauvreté vivent autant qu’il est possible avec leurs parents ou, à défaut, dans un cadre familial plutôt que dans des structures de type orphelinat – qui peuvent avoir leur pertinence mais seulement en dernier recours. 

Les interventions d’organisations humanitaires ou de développement, des services sociaux ou de l’État, ne devraient pas viser à remplacer les parents ou responsables légaux de l’enfant mais à renforcer leurs capacités de prendre soin de leurs enfants. Ils occupent en effet une place privilégiée et même unique pour leur transmettre l’amour, la stabilité, les repères dont ceux-ci ont besoin pour grandir dans les meilleures conditions.

 

Les voisins et les membres de la communauté

Dans de nombreux contextes caractéristiques des pays en développement, il est admis que l’on peut se reposer sur les voisins les plus proches d’une façon qui surprendrait dans des cultures plus individualistes. 

Dans certains villages ou bidonvilles, des voisins en qui l’on a confiance contribuent eux aussi à élever les enfants – ils gardent un œil sur eux quand les parents ou responsables légaux sont absents par exemple parce qu’ils doivent travailler. Ces voisins peuvent s’occuper des repas et veiller à la sécurité des enfants et même apporter un soutien émotionnel. La présence constante des voisins renforce le sentiment d’appartenance des enfants tout en favorisant la cohésion et le progrès durable de la communauté. 

 

Le personnel des structures associatives qui s’occupent des enfants

Dans certaines situations marquées par la pauvreté, les parents ou les personnes qui se situent dans l’environnement immédiat des enfants ont besoin d’être renforcés par un apport supplémentaire. Des structures associatives avec du personnel formé dans la protection et le développement des enfants peuvent alors fournir une contribution de valeur. 

Certaines actions requièrent une forme de professionnalisme ! Ne négligeons pas l’importance de connaissances spécialisées pour répondre aux défis que rencontrent les enfants et les familles qui vivent dans la pauvreté. Et en même temps, le développement holistique qu’il faut viser est fondamentalement affaire de relations humaines : les enfants ont besoin d’être connus, aimés et connectés à d’autres.

Groupe de personnes en pleine discussion.

Un modèle particulièrement intéressant consiste à ce que ce personnel associatif soit lui-même issu de la communauté dans laquelle vivent les enfants, les connaissent personnellement ainsi que leur environnement, partagent quelque chose de leur vie. Leur travail n’est pas uniquement une affaire d’applications des bonnes techniques. 

 

Les responsables pastoraux

Une approche chrétienne du développement s’élabore en étant articulée d’une façon ou d’une autre à l’Église. Cela peut se faire de manière diverse selon les contextes. 

Dans beaucoup de pays, l’Église locale représente un élément de stabilité dans le témoignage chrétien : elle est là, sur la durée, au milieu de la communauté qui vit dans la pauvreté alors que d’autres acteurs vont et viennent.

Les responsables de l’Église, les pasteurs par exemple, peuvent jouer un rôle significatif : ils ne sont pas nécessairement des travailleurs sociaux mais leur autorité (souvent reconnue au-delà de l’Église) et leur souci spirituel peuvent jouer un rôle précieux. Ils peuvent offrir la prière ou une parole de sagesse et d’espérance au moment voulu. Leur connaissance des besoins locaux leur permet de guider efficacement les initiatives de parrainage, veillant à ce que le soutien offert soit adapté et impactant.

 

Les professionnels de santé

Le travail des professionnels de santé est une pierre angulaire dans la lutte contre la pauvreté. S’occuper d’un enfant demande parfois une compétence dans un domaine particulier. C’est le cas de tout ce qui concerne la santé tant pour promouvoir une croissance saine et prévenir les maladies que pour soigner quand cela s’avère nécessaire. 

S’assurer que les vaccinations sont bien faites, que certaines bonnes habitudes sont prises (d’hygiène corporelle ou dentaire par exemple ou dans l’alimentation), que l’assistance adéquate soit apportée, y compris dans le domaine psychologique, peut se révéler crucial dans la lutte contre la pauvreté. Des études montrent l’importance du développement du cerveau dans les premières années de la vie et à quel point les situations de pauvreté peuvent l’entraver. 

Chacun de nous est bien conscient du côté humain que doit revêtir la relation avec un professionnel de santé. Avoir peur ou simplement se méfier de son médecin ou au contraire savoir qu’on peut lui faire confiance, cela change beaucoup de choses ! Les enfants qui vivent dans la pauvreté ont aussi besoin d’être entourés de professionnels de santé qui les aideront à grandir dans de meilleures conditions. 

 

Les éducateurs

 Aujourd’hui, l’une des clés pour sortir de la pauvreté, dans bien des contextes, c’est l’éducation et la formation ! Les enseignants jouent un rôle crucial dans le développement et le bien-être d’un enfant : c’est vrai de ceux qu’ils rencontrent à l’école, dans une structure associative ou dans une église. Ils transmettent des connaissances et des savoir-faire mais ils sont aussi très personnellement impliqués avec les enfants. Dans des contextes où les classes peuvent être surchargées, avoir des possibilités d’être suivi par des professeurs, tuteurs, bénévoles, qui peuvent accompagner individuellement ou en petit groupe les enfants est un atout de grande valeur. Leur travail est essentiel pour offrir aux enfants des opportunités de croissance, de réussite et d’un avenir meilleur. 

 

Et parfois une personne qui vit à l’autre bout du monde… 

Certains spécialistes affirment l’intérêt pour le développement d’un enfant d’une personne extérieure à son environnement le plus proche, jouant le rôle d’un « autre » qui compte, qui considère que l’enfant est important, vaut la peine qu’on s’intéresse à lui et que l’on prenne du temps pour lui. 

Dans les programmes de parrainage d’enfants, la correspondance, les lettres écrites par un parrain ou une marraine peuvent jouer un rôle positif pour un enfant ou un jeune en situation de pauvreté, notamment quand certaines des interactions proches sont difficiles ou trop rares. Elles ne remplacent pas les relations personnelles plus proches mais il ne faut pas sous-estimer leur potentiel pour renforcer la confiance en soi de ceux et celles qui les reçoivent et qui se sentent soutenus et aimés par des personnes vivant très loin d’eux mais qui croient qu’il est important d’investir dans leur développement. 

La marraine ou le parrain devient ainsi une figure importante dans la construction de la résilience et de l’épanouissement personnel des enfants.