L’être humain selon la Bible : une vision holistique de la personne
La Bible présente l’être humain comme un tout complexe mais uni. Cette approche holistique, bien loin d’une vision fragmentée, inspire une mission intégrale qui cherche à honorer l’humain dans toutes ses dimensions. Car c’est aussi dans la richesse des relations — avec Dieu, avec les autres et au sein de la communauté — que chacun peut grandir, guérir, s’épanouir et contribuer pleinement à la vie commune.
La Bible nous présente une vision de l’être humain que l’on qualifie parfois d’« holistique ». Cela signifie que nous sommes des êtres complexes avec des dimensions spirituelles, physiques, relationnelles, sociales, que celles-ci sont reliées les unes aux autres et qu’elles forment un tout (le mot « holistique » évoque étymologiquement l’idée de totalité).
Grandir dans toutes les dimensions
C’est ainsi qu’il est dit de Jésus adolescent :
« Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. » (Luc 2.52 ; cf. aussi 2.40 et ce qui est dit de Samuel en 1 Samuel 3.19a et de Jean-Baptiste en Luc 1.80).
Le livre de la Genèse présente cette plénitude holistique dans l’harmonie du commencement avec l’arbre de vie et la direction divine pour la dimension spirituelle, le don de la nourriture pour l’aspect physique et l’instauration de la relation de prochain à prochain pour empêcher que l’homme ne soit seul pour l’aspect relationnel. Le mandat créationnel (être féconds, multiplier, remplir la terre et la soumettre) annonce, quant à lui, la constitution d’une véritable société humaine appelée à une mission commune et à un effort coordonné.
Quand le lien se brise
L’entrée du péché dans le monde a tendu à disjoindre et à séparer ce que Dieu avait uni : même si l’on peut encore aujourd’hui constater à quel point le spirituel, le physique, le relationnel et le social se renforcent ou se gênent mutuellement (le livre des Proverbes par exemple souligne qu’un cœur joyeux est un bon remède mais qu’un esprit abattu dessèche les os – 17.22), il arrive que l’homme extérieur se détruise alors que l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour (2 Corinthiens 4.16). Tout ne « fonctionne » plus bien ensemble maintenant.
Une vision holistique
Comprendre que la vision biblique de l’être humain est holistique a conduit de nombreux chrétiens à discerner que chaque dimension de l’être humain est valable et précieuse aux yeux de Dieu et mérite que l’on s’y intéresse. Un humain n’est pas seulement une âme à sauver ou une bouche à nourrir ou un membre du corps social à intégrer dans la communauté… Il est tout cela à la fois et bien plus ! D’où des notions comme le « développement holistique » ou la « mission intégrale » pour parler d’approches qui cherchent à considérer chaque être humain, notamment les enfants qui vivent dans la pauvreté, dans l’ensemble de ce qu’ils sont et la diversité de leurs besoins et de leurs potentialités. Il ne s’agit pas forcément qu’une personne ou un projet prenne en charge toutes les dimensions dont nous avons parlé dans leur intégralité. Les spécialisations sont nécessaires : il faut des pasteurs, des enseignants, des travailleurs sociaux, des nutritionnistes, des médecins, des cuisiniers, des psychologues et bien d’autres types de personnes engagées.
Mais c’est justement le mot de personnes qu’il faut souligner ici. J’ai parlé du fait que tout ne « fonctionne » plus bien ensemble maintenant. Cette phrase est juste à condition que l’on ne se méprenne pas sur le sens du verbe « fonctionner ». L’être humain n’est pas une machine complexe qu’il faudrait éventuellement « réparer » quand quelque chose ne « marche » pas. Il est une personne et les relations de personne à personne jouent un rôle central dans la façon dont la Bible nous présente la vie humaine et ce que Dieu demande de nous.
Se mettre au service des autres
C’est dans les interactions personnelles qu’un être humain peut croître, se relever quand il est tombé, être soigné quand il est malade ou blessé, apprendre, s’épanouir, construire, contribuer au bien commun des groupes auxquels il participe dans la société ou dans l’Église. Cela commence, quand les circonstances le permettent, dans la vie de famille : c’était le cas pour Jésus qui a grandi, entouré des soins de Marie et de Joseph (et en leur étant soumis) mais qui devait aussi avoir de solides liens sociaux au-delà de sa « famille nucléaire » : après tout, ses parents ont pu faire une journée de chemin de retour du temple sans le voir en pensant naturellement qu’il devait se trouver avec d’autres membres de la famille ou avec des connaissances (Cf. Luc 2.44).

Les commandements bibliques qui résument tous les autres sont celui de l’amour pour Dieu et celui de l’amour pour le prochain. Tout le reste – et en particulier les compétences techniques ou les spécialisations professionnelles – doit être au service de l’amour. C’est précisément dans cet état d’esprit que l’on peut contribuer à un développement holistique : en acceptant humblement d’être une (petite) partie d’un collectif qui va permettre à une personne vulnérable de devenir plus forte, plus autonome, plus épanouie ; en mettant ses capacités et ses dons au service des autres ; en soignant l’interaction personnelle dans le service qu’il soit spirituel, physique, relationnel ou social.