L’art du « faire ensemble »
Rencontre avec Daniel Pialat, auteur, compositeur, interprète et ambassadeur du SEL passionné par le partage de la foi à travers la musique. Marié et père de deux enfants, il se consacre à des projets reflétant la place importante qu’il donne à la solidarité et à ce qu’il appelle le « faire ensemble » dans sa vie.
La solidarité occupe une place particulière dans votre vie, pouvez-vous nous en dire plus ?
Mes parents sont venus à la foi par l'intermédiaire de mon frère aîné qui est polyhandicapé. Donc en ayant conscience des problématiques relatives aux personnes dans le besoin. Mes parents ont aussi, lorsqu'ils se sont convertis, accueilli régulièrement des personnes à la maison. C'était vraiment un désir pour eux d'être dans l'entraide.
Et puis, à titre personnel j'aime beaucoup quand il y a, dans mes concerts, une dimension humanitaire. Je dirige, par exemple, une chorale gospel sur Montpellier. On travaille beaucoup avec les associations locales et la plupart des concerts qu'on fait sont dans un but de servir. Cela fait partie du témoignage chrétien : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même », tout est lié.
Vous dirigez donc une chorale gospel engagée…
Oui, Gospel System ! C’est une chorale ouverte : les gens qui participent ne sont pas tous croyants, ils viennent de tous milieux pour le plaisir de chanter le gospel. C'est beaucoup de « faire ensemble » avec des gens très différents. C'est très enrichissant parce que tout en recherchant la qualité nous voulons accueillir les personnes avec leur niveau musical, leurs origines sociales, religieuses et travailler ensemble ! C’est tout un défi et en même temps nous vivons de très belles choses. Alors évidemment, ils découvrent aussi le message du gospel, au-delà de la musique et de son expression. Certains y adhèrent, d'autres non mais nous avons le désir d'être des gens qui bénissent, qui font du bien.
Donc nous sommes en lien avec le réseau associatif de Montpellier. Et, régulièrement, nous proposons aux associations d’organiser un concert pour que les bénéfices les aident dans leur action. Certaines travaillent dans le milieu du handicap, d’autres auprès des familles avec des enfants hospitalisés par exemple. Nous sommes ravis de pouvoir les soutenir avec nos concerts !
En parlant de « faire ensemble », vous écrivez, composez et interprétez depuis un moment avec Theozed. Comment fonctionne cette collaboration artistique ?
Nous sommes très différents. Déjà, dans nos origines : je viens plutôt d'un milieu chrétien parce que ce sont mes parents qui ont découvert la foi ; lui, pas du tout. Ensuite, il vient d'un monde plutôt de la musique rock, métal, de la chanson française. Et moi, des comédies musicales, du gospel. Ce sont donc deux univers très différents.
Mais nous avons ce commun désir de partager notre foi de manière accessible. Et puis cet amour, pour le dire et le vivre de manière simple et concrète. Ce sont d'ailleurs des personnes qui nous ont suggéré de faire quelque chose ensemble parce qu'ils voyaient des similitudes en nous.
Côté pratique, Theo habite sur Bordeaux, moi sur Béziers alors heureusement qu'Internet existe. On travaille en « ping-pong », c'est-à-dire que l’un envoie une idée, puis l’autre lui renvoie avec une autre idée, et on échange comme ça au fur et à mesure. Parfois, on trouve les idées géniales mais d'autres fois pas du tout. En général, c'est moi qui ai les meilleures idées (rires). Tout n’est pas simple et en même temps, c'est une grande richesse car chacun apporte son vécu, son expérience et puis on peut se corriger mutuellement. Finalement, c'est ça qui est fort : quand on compose seul, on a le retour des gens parce qu’on va leur demander un peu leur avis ; mais là, on a déjà la confrontation, c'est tout un travail d'échanges et de partage.
Vous dites que « tout n’est pas simple », auriez-vous des conseils pour dépasser les différences quand on « fait ensemble » ?
Pour moi, la base c’est l’écoute. Je vais prendre un exemple très concret : comme je le disais, je viens d’un milieu gospel, chorale alors j’ai l'habitude d'écrire mes partitions. Theo vient d'un milieu rock où on laisse plus de place à l'expression. Alors moi, ça m'a vraiment bousculé parce que je me suis rendu compte qu'on pouvait sortir des partitions. Parfois, il me dit : « Non, mais là, c'est trop propre ce que tu fais. » Mais moi j'aime bien, c'est carré. Et moi, je lui dis : « Mais non, mais là, rythmiquement, c'est pas carré ce que tu fais. » On se confronte, on s’écoute et c'est vraiment un cheminement parce que de son côté, il apprend à être plus carré sur certaines choses et moi à me lâcher. L'essentiel, c’est l'écoute de l'autre.
Un dernier mot à ajouter ?
J'aime beaucoup être à fond, m'investir dans les choses, mais ce qui me touche le plus, c'est que, finalement, je reçois autant que ce que je donne. Que ce soit dans la diversité des gens que je rencontre durant les concerts ou avec les enfants durant les camps "Séjour en chansons", où je peux voir leur simplicité, leur joie de vivre. Dans la vie et dans le milieu artistique, on donne beaucoup de nous mais c'est tellement riche de tout ce qu'on reçoit ; et puis c'est un cercle, parce que ce qu'on reçoit, on peut le redonner ensuite.
Pour en savoir plus sur cet artiste engagé et inspirant : retrouvez-le lors de son passage dans La Rue du SEL. Et ne manquez pas la tournée des Rimlikids du 22 au 26 octobre dont il a été directeur musical !