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La protection divine : Un appel à la défense des plus vulnérables

À travers les Écritures, nous découvrons un Dieu protecteur qui se soucie du plus faible. Comment ce modèle divin de protection peut-il inspirer notre action et nos réflexions dans un monde où les abus sont si fréquents ?

Les thèmes de la protection et des abus évoquent des situations à la fois sombres et douloureuses mais aussi vastes et aux multiples facettes. Vinoth Ramachandra écrit que l’expression :

'l’orphelin, la veuve et l’étranger’ revient à de nombreuses reprises dans l’Ancien Testament. Elle désigne ces personnes au sein d’Israël qui n’avaient pas de protection naturelle à l’intérieur de la communauté ; elle devient ainsi un raccourci pour tous ceux qui sont faibles et vulnérables, les marginalisés de la société, qui sont les plus susceptibles d’être acculées au pied du mur quand les choses deviennent difficiles.

Avec cette remarque en tête, on se rend compte de l’importance de la question de la protection pour quiconque se soucie des pauvres. C’est d’autant plus vrai pour le chrétien qui sait que son Dieu est un Dieu protecteur ! Il est une forteresse pour l’opprimé, le Père des orphelins et le défenseur des veuves. On pourrait multiplier les références présentant Dieu comme le refuge, le rocher, le libérateur, le bouclier (cf. Psaumes 9.10, 68.6, 18.2-3).

Salut et protection

Le salut est présenté avec le vocabulaire de la protection : quand Dieu intervient pour ses brebis, il le fait de telle manière qu’elles ne soient plus au pillage là où elles étaient maltraitées auparavant mais qu’elles puissent habiter en sécurité (cf. Ézéchiel 34.22-28). Jésus s’est approprié ces paroles en affirmant être le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis contrairement au mercenaire qui s’enfuit et omet totalement de les protéger quand il voit venir le loup (cf. Jean 10.11-13). Or il existe une logique biblique qui veut que nous reflétions sur le plan des relations humaines ce que nous avons reçu de Dieu : ainsi les Israélites étaient-ils appelés à bien traiter les immigrants en souvenir du temps où ils avaient été immigrants en Égypte et où Dieu les avait délivrés. Ainsi sommes-nous appelés à inviter des pauvres en rapport avec le fait que nous sommes nous-mêmes des pauvres qui ont été invités par Dieu (cf. Deutéronome 10.19 et Luc 14.13 et 21). Ne peut-on pas transposer et dire que les chrétiens qui vivent à l’abri du salut qui leur est donné en Jésus devraient à leur tour être des gens protecteurs ?

Idolâtrie et abus

Si le Dieu de la Bible est un Dieu protecteur, il s’oppose en cela aux idoles imaginées et adorées par les humains qui ont plutôt tendance à légitimer ceux qui abusent de leur pouvoir. Il faut d’ailleurs rappeler que les cultes idolâtres sont régulièrement accompagnés d’actes d’abus particulièrement graves. C’est ainsi que l’Ancien Testament évoque jusqu’à des sacrifices humains (cf. Deutéronome 18.10 ou 2 Rois 3.26-27). De manière générale, il faut dire que l’idolâtrie est déshumanisante et facteur d’injustices sociales. Si la « jalousie » de la gloire de Dieu est le motif premier du combat contre l’idolâtrie, la protection des humains et en particulier des personnes vulnérables devrait être le motif associé.

Quand on sait que le Nouveau Testament range dans la catégorie « idolâtrie » la cupidité et l’impureté sexuelle (Éphésiens 5.5, cf. aussi 4.19, Colossiens 3.5 et les paroles de Jésus sur Mammon comme en Matthieu 6.24), cela ouvre tout un champ de réflexion pour des applications contemporaines : combien de personnes vulnérables et en situation de pauvreté sont aujourd’hui les victimes de l’absolutisation du désir sexuel (pornographie, prostitution, esclavage sexuel, etc.) ou du profit (exploitation, conditions de travail indignes, guerres provoquées de près ou de loin par la cupidité humaine, etc.) ? Peut-être avons-nous besoin de redécouvrir la racine religieuse (et non pas seulement sociale, politique ou économique) de tels fléaux. Ils appellent un changement de foi et de vie et non pas seulement un changement de « système » si les plus faibles doivent être efficacement protégés. En prenant du recul, on peut même dire avec Darby Strickland, que les oppresseurs considèrent que tout leur est dû, se mettent au centre de tout et réagissent en punissant et en attaquant quand leurs attentes sont déçues : il s’agit alors d’une forme d’auto-idolâtrie.

Ténèbres et espérance

La Bible ne minimise pas la réalité des abus : le monde est dangereux et souvent très sombre. Les Psaumes utilisent un vocabulaire saisissant en parlant de l’abîme, du gouffre, de l’eau qui submerge, de la fange dans laquelle on s’enfonce et du frémissement et de la terreur que ces réalités provoquent (cf. Psaume 69). Elle met alors devant nos yeux Jésus et sa croix pour nous assurer que le Seigneur nous a rejoints même dans les situations d’abus et que c’est lui qui aura le dernier mot. Avec cette assurance nous pouvons cultiver l’espérance dans les ténèbres, renoncer à commettre des abus nous-mêmes et adopter à notre tour une attitude protectrice.

En savoir plus sur l'auteur
Daniel Hillion
Directeur des études au SEL