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Guérir du passé pour avancer

À neuf ans, Ayun quitte son village natal avec sa mère pour emménager à Bali suite à la séparation de ses parents. Là-bas, elle fait la connaissance d’Erlik, directrice du Centre de Développement de l’Enfant et du Jeune (CDEJ) d’Ubung. Elle était loin de se douter que cette rencontre allait changer sa vie…

Image d'une femme marchant sur le sable, au bord de la mer.

C’est en marchant le long du rivage qu’Ayun raconte son histoire. Née dans une communauté rurale de l’île de Java, elle n’a jamais reçu d’acte de naissance valide, un document pourtant indispensable pour accéder à l’éducation en Indonésie. 

Une chance inespérée 

C’est après son déménagement à Bali que la petite fille commence à fréquenter le CDEJ d’Ubung où Erlik, directrice du centre, fait tout son possible pour aider sa mère à gérer les démarches administratives nécessaires pour qu’elle ait accès à une éducation. « Dans mon cœur, j’étais convaincue que cette enfant méritait une chance de vivre une vie meilleure », confie la directrice. Finalement, ses efforts paient et Ayun parvient à intégrer une école privée accueillant des enfants confrontés à des obstacles administratifs comme elle. 

Une nouvelle inattendue  

Trois ans plus tard, Ayun apprend une nouvelle qui bouleverse son quotidien : ses parents se sont réconciliés et souhaitent qu’elle rentre au village. Heureuse, elle accepte de revenir à Java mais à son arrivée, la réalité est tout autre. Tout cela n’était qu’un prétexte pour la faire revenir définitivement au village et la marier avec un inconnu. 

Son père s’étant remarié pendant son absence, sa belle-mère se montre particulièrement cruelle avec elle, lui infligeant des violences physiques afin de la forcer à se marier. « Je voulais seulement grandir et finir mes études ! », se souvient avec tristesse Ayun. Désespérée, elle décide de contacter Erlik. 

Une aide miraculeuse 

« Ayun pleurait à chaudes larmes, suppliant que je vienne la chercher », se souvient Erlik. Déterminée, elle se rend donc au village pour tenter de la ramener. Mais une fois sur place, elle se retrouve confrontée à une vive opposition de la part des parents de la jeune fille, qui refusent de la laisser partir. 

De son côté, l’enfant est soumise à des rituels chamaniques, censés lui faire oublier sa vie à Bali. Heureusement, un membre de la famille, en désaccord avec les pratiques de ses parents, décide d’aider l’adolescente à fuir cette terrible situation. Grâce à son soutien, cette dernière finit par rejoindre Erlik dans la ville de Surabaya, d’où elles s’envolent ensemble pour Bali. 

Un chemin de guérison 

Erlik décide alors d’accueillir Ayun et d’en prendre soin comme de sa propre fille. 

Deux femmes souriantes, assises, côte à côte

« Quand on me demande combien j’ai d’enfants, je réponds toujours qu’Ayun est ma troisième, je n’en ai initialement que deux », sourit-elle. Pourtant, même au sein de ce nouveau foyer, la jeune fille peine à laisser son passé derrière elle. « J’avais toujours cette crainte que mes parents toquent à ma porte et m’emmènent pour une raison ou pour une autre. J’ai énormément lutté avec ce traumatisme », murmure-t-elle. Mais au fil du temps, Ayun commence à changer et finit par trouver consolation et paix en Dieu.  

Un avenir prometteur 

Après avoir dû renoncer à son rêve d’intégrer la faculté de médecine à cause du coût financier, Ayun étudie désormais la biologie grâce à une bourse. « Même si ce n’est pas la médecine, je peux toujours porter cette blouse blanche comme si j’étais médecin », dit-t-elle avec fierté. 

Femme faisant des mélange dans un laboratoire.

Active au sein du conseil étudiant de l’université, elle participe à des compétitions scientifiques et a récemment remporté une médaille d’argent, son plus grand accomplissement ! Elle est d’ailleurs en pleine préparation pour une compétition nationale. Son projet ? Concocter un kombuchai destiné à aider les personnes atteintes de diabète ! 

L’entretien touchant à sa fin, Ayun s’arrête et regarde ses empreintes laissées sur le sable. Sans le cœur compatissant d’Erlik envers les enfants dans le besoin, elle sait qu’elle n’en serait pas là aujourd’hui. « Mama Erlik sera toujours là pour moi. Elle me soutiendra toujours », conclut-elle en souriant, les larmes aux yeux. 

Une menace pour l’avenir 

Selon l’UNICEF, le mariage d’enfants désigne l'« union officialisée ou non entre 2 enfants de moins de 18 ans ou un adulte et un enfant de moins de 18 ans. » Pauvreté, normes sociales, inégalités hommes/femmes, crises humanitaires, manque de choix apparent expliquent le recours à cette pratique. En 2022, 1 femme sur 5 encore en vie avait été mariée avant 18 ans.  

Exposant les jeunes filles à des grossesses précoces et dangereuses, des violences conjugales accrues mais aussi à un manque d’éducation, le mariage d’enfants compromet leur bon développement et tend à les enfermer dans la pauvreté. Conscients de cela, nos partenaires chrétiens locaux œuvrent pour faire reculer cette pratique ! 

Source : UNICEF, UNFPA