3 raisons d’agir envers les pauvres pour un chrétien
Face à la pauvreté, il est humain de vouloir faire quelque chose et nombreux sont ceux qui intègrent le souci des pauvres dans leur vie. Ce que la Bible dit de la création, de la chute et de la rédemption donne aux chrétiens un fondement et des motivations précises pour s’engager dans ce domaine.
Raison n°1 : Nous sommes tous créés par le même Dieu avec l’immense valeur d’être son image
Au début du chapitre 22 du livre des Proverbes, on peut lire ceci :
« Riche et pauvre ont ceci en commun : c'est l'Éternel qui les a faits l'un et l'autre. » (verset 2)
Quand elle parle de la pauvreté et de la richesse, de la vie en société et des inégalités, la Bible met le Dieu Créateur au cœur du sujet. Et que nous dit-elle ? Que le riche et le pauvre sont plus proches l’un de l’autre qu’ils ne le pensent ! Nous dépendons tous d’un même Dieu qui est notre Créateur et qui est souverain sur notre vie. Même un écart social aussi important que celui qui sépare le riche du pauvre ne pèse pas grand-chose quand on considère que les deux ont été créés par Dieu et vivent leur vie devant Dieu, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le reconnaissent ou pas.
Plus précisément encore, le riche et le pauvre ont en commun une même nature humaine : les deux ont été créés comme des images de Dieu de sorte qu’« opprimer le pauvre, c'est outrager son Créateur, mais avoir de la compassion pour les indigents, c'est l'honorer » (14.31). Dans le contexte culturel de la Bible, l’idée d’image de la divinité existait mais était réservée à une élite. Pour la Bible par contraste, tout être humain est image du Créateur. Cela donne à chaque personne, quelque soit sa place dans la société, une valeur immense et une dignité inaliénable.
Prendre ces vérités au sérieux devrait attirer notre attention sur ceux et celles qui sont humainement les plus marginalisés ou abandonnés. Quand nous perdons de vue le Dieu Créateur, nous nous exposons toujours au danger de négliger une catégorie de personnes. Lorsque les chrétiens ne prennent pas assez en compte les vérités bibliques sur la création, ils risquent de ne pas assumer suffisamment leurs responsabilités sociales.
Raison n°2 : Nous vivons dans un monde déchu et nous sommes tous dans le même bateau
Si les grandes vérités sur la création nous poussent à nous préoccuper des pauvres, c’est la marque du péché dans le monde qui explique l’existence même de la pauvreté. Avant le péché, il n’y avait pas de pauvreté !
Nous sommes tous pécheurs mais nous ne sommes pas tous pauvres – sur le plan matériel en tout cas. Quelle conclusion devrions-nous en tirer ?
Pour ceux qui ne sont pas pauvres, la tentation peut être grande de se désintéresser de ceux qui le sont, d’estimer que ce n’est pas leur problème, ou même de regarder de haut ceux dont la condition est plus difficile que la leur, voire de profiter de leur situation.
Mais regardons-y de plus près.
Le riche et le pauvre ont en commun d’avoir été créés par Dieu, de dépendre de lui, d’être faits comme son image, d’avoir une valeur immense et une dignité inaliénable. Mais ils ont un autre point commun, plus difficile à regarder en face : le riche et le pauvre ont part à une forme commune de misère.
Bien sûr, il serait un peu facile de dire trop rapidement qu’au fond nous sommes tous pauvres et de tout niveler d’une façon qui ne permet plus de voir les difficultés, les souffrances et les injustices qui s’attachent spécifiquement à la situation de ceux et celles qui sont littéralement pauvres. Tous les humains ne sont pas pauvres au sens propre du terme. Par contre, il y a bien quelque chose de misérable qui caractérise la condition de l’humanité tout entière.
Disons-le nettement : riche et pauvre ont pour point commun que les deux finissent par mourir et par retourner à la poussière. La perspective de la mort, qui va avec toutes les souffrances de notre existence, nous rapproche bien davantage les uns des autres que ce que nous pourrions ou voudrions penser. Elle nous dit que nous sommes sur le même bateau.
Si nous regardons la condition humaine actuelle avec les lunettes que nous fournit la Bible, nous y trouverons une incitation à l’humilité et à nous ouvrir à la solidarité envers ceux qui sont nos compagnons d’humanité dans un monde déchu. Quelle que soit notre situation, ses privilèges ou ses handicaps, elle ne nous met pas dans une catégorie tellement à part que cela.
Lorsqu’il appelle à agir envers le pauvre, le prophète Ésaïe dit de ne pas se détourner de « celui qui est ta propre chair » (58.7). Dieu nous a relié les uns aux autres à tel point que la souffrance de notre prochain devrait nous tenir profondément à cœur.
Raison n°3 : Dieu nous a donné Jésus, le pain vivant descendu du ciel… cela nous incite à partager notre pain avec celui qui a faim !
Les chrétiens ont une autre raison, plus profonde peut-être, pour agir face à la pauvreté. Dieu nous appelle à respecter son image dans le pauvre ; la condition misérable de l’humanité devrait nous ouvrir à la solidarité. Mais surtout : la bonté de Dieu envers nous est le levier fondamental pour nous mettre en mouvement face aux situations de pauvreté auxquelles nous sommes confrontés.
Dieu nous demande de partager notre pain, ce que nous possédons, avec le pauvre. Mais lui a fait beaucoup plus pour nous qui sommes naturellement dans une misère radicale du fait de notre péché. Il n’a pas partagé son Fils, il l’a donné pour nous. Pour nous donner la vie, pour nous communiquer la grâce du pardon, pour que nous soyons déclarés justes devant lui, adoptés comme ses enfants et formés à la ressemblance du Christ, il nous a donné Jésus, le pain vivant descendu du ciel.
Si Dieu nous a tout donné, on devrait en voir comme un reflet dans les comportements les plus ordinaires et les plus quotidiens de notre vie. Cela implique de nous appliquer à imiter Jésus jour après jour et à le suivre. Cela implique aussi et même d’abord d’avoir les yeux fixés sur lui, de recevoir sa vie, de demeurer en lui. L’action sociale chrétienne devrait découler d’une vie de communion extrêmement étroite avec le Christ.
Et si le Royaume de Dieu est justice, paix et joie par le Saint-Esprit (cf. Romains 14.17), alors n’est-ce pas le parfum de ce Royaume que les chrétiens sont appelés à répandre partout où ils sont impliqués… y compris avec les personnes qui vivent dans la pauvreté ? Les chrétiens ne devraient-ils pas avoir la vision d’une action sociale caractérisée par la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit ? C’est là tout un programme !