Au fait, la pauvreté : qu’en dit la Bible ?
La pauvreté fait partie des réalités du monde dans lequel nous vivons. Différentes approches ont été développées pour l’analyser – et ainsi mieux lutter contre elle. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ou les Objectifs de Développement Durable (ODD) permettent de repérer certains domaines clés. Que pouvons-nous dire de la pauvreté à la […]
La pauvreté fait partie des réalités du monde dans lequel nous vivons. Différentes approches ont été développées pour l’analyser – et ainsi mieux lutter contre elle. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ou les Objectifs de Développement Durable (ODD) permettent de repérer certains domaines clés.
Que pouvons-nous dire de la pauvreté à la lumière de la Bible ? Sans chercher à faire le tour de la question, dégageons quelques traits de son enseignement.
En quoi consiste la pauvreté ?
Deux mots ou idées me semblent revenir régulièrement dans la Bible, lorsqu’il est question de pauvreté : nourriture et vêtement. Le pauvre est celui qui souffre de carences dans ses besoins de base, lesquels sont souvent résumés par ces deux termes.
Lorsque Dieu dit qu’il prend soin du faible, il affirme qu’il fait droit à l’orphelin et à la veuve, qu’il aime l’immigrant et lui donne nourriture et vêtement (Deutéronome 10.18). Lorsqu’Ésaïe appelle le peuple d’Israël à l’action en faveur des pauvres, il l’exhorte à partager son pain avec celui qui a faim et à couvrir d’un vêtement celui qui est nu (Ésaïe 58.7). Les exemples donnés par Jean-Baptiste à ceux qui lui demandent ce qu’ils doivent faire pour produire du fruit digne de la repentance sont les suivants : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. » (Luc 3.11). Et on pourrait compléter facilement cette liste d’autres textes.
« Nourriture et vêtement » ne nous donnent pas une description exhaustive des besoins de base de l’être humain. Il faut plutôt comprendre cette expression comme un résumé synthétisant l’ensemble de ces besoins : le besoin du vêtement, par exemple, se prolonge dans le besoin du logement (ce qui apparaît à la lecture d’Ésaïe 58).
La Bible nous parle donc de la pauvreté en termes très concrets et insiste sur sa dimension corporelle et matérielle. Sachons-nous en souvenir… pour motiver notre engagement en faveur des pauvres avec des actes tout aussi concrets !
Les injustices subies par les pauvres
Les pauvres sont vulnérables à l’injustice. Sans que cela soit systématique, les situations d’injustice sont fréquemment associées aux situations de pauvreté. Le pauvre est celui qui est faible au point de ne pas pouvoir faire valoir ses droits et le riche est parfois celui qui est puissant au point de pouvoir acheter le juge. Dieu qui fait droit à la veuve et à l’orphelin est précisément le Dieu « qui ne fait pas de considération de personnes et qui ne reçoit pas de présent » (Deutéronome 10.17-18).
La loi de Moïse avertissait contre la tentation d’opprimer l’employé pauvre et indigent en tardant à lui donner son salaire (Deutéronome 24.14-15) et Jésus dénoncera les chefs religieux qui « dévorent les maisons des veuves » tout en faisant « pour l’apparence de longues prières » (Luc 20.47).
Le riche a souvent la possibilité d’imposer sa volonté au pauvre par la violence et même de mettre sa santé ou ses jours en danger. Nous devons au pauvre, notre prochain, de respecter sa vie et son intégrité physique : la loi interdisait, par exemple, de prendre en gage le moyen de subsistance que représentaient les deux meules ; de retenir en gage le vêtement du pauvre pendant la nuit ; de forcer le domicile du pauvre pour se saisir d’un gage… (voir Deutéronome 24.6, 10-13).
Admettons cependant que la réflexion sur le thème de la justice en faveur des pauvres est complexe. Il est plus facile de dire ce qu’est un juge corrompu, un riche violent, un commerçant qui trompe ses clients pauvres ou un roi qui fait travailler ses sujets sans les payer que de dire ce qu’est une loi, un système commercial, un système social ou une politique internationale injustes. Le Défi Michée contribue à faire réfléchir sur ces questions qui méritent encore d’être débattues et approfondies.
La pauvreté : une réalité à combattre
On peut dire de la pauvreté ce que Jésus a dit du divorce : au commencement, il n’en était pas ainsi ! La pauvreté est une réalité mauvaise et comme telle à combattre.
Certains chrétiens s’appuient sur la parole du Christ, selon laquelle nous avons toujours les pauvres avec nous, pour faire comme s’il était plus ou moins inutile d’agir face à la pauvreté. Jésus nous enseigne aussi à prier (jusqu’à la fin de notre vie) : « Pardonne-nous nos offenses… » Si nous ne nous débarrasserons jamais complètement du péché pendant cette vie, est-ce à dire que nous n’ayons pas à le combattre ? De même, la persistance de la pauvreté dans ce monde ne doit pas nous inciter à la résignation. Au contraire, le salut que Jésus nous a apporté devrait rejaillir en actes de reconnaissance, de bonté et d’espérance dans nos comportements quotidiens les plus ordinaires – par exemple envers les pauvres que nous avons l’occasion de soutenir.
L’action en faveur du pauvre est d’abord un devoir d’humanité. C’est parce que tout homme a été créé en image de Dieu que celui « qui opprime l’indigent déshonore celui qui l’a fait ; mais qui a pitié du pauvre lui rend grâces » (Proverbes 14.31). Parce que Dieu n’a pas abandonné l’humanité, mais lui a ouvert un avenir, même après la chute, nous avons une raison et une motivation pour faire du bien à tous, même à ceux dont la situation semble la plus désespérée. D’ailleurs, l’Évangile est tout particulièrement une bonne nouvelle pour les pauvres.
Ce devoir d’humanité se trouve renforcé au sein du peuple de Dieu. Si nous sommes liés à ceux qui sont de même nature que nous, à combien plus forte raison le sommes nous envers ceux qui ont été rachetés comme nous au prix du sang de Celui qui s’est fait pauvre de riche qu’il était afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis (cf. 2 Corinthiens 8.9).
Les premiers chrétiens nous montrent l’exemple d’une communauté dans laquelle il n’y avait pas d’indigents (Actes 4.34), avant-goût de l’établissement complet du Royaume d’où la pauvreté sera radicalement éradiquée. Cette communauté est ouverte aujourd’hui à tous ceux qui veulent y entrer et c’est aussi pourquoi beaucoup de chrétiens associent la Parole (qui communique l’Évangile) et les actes (qui répondent aux besoins de nourriture, de vêtement et de justice) dans leur implication dans la société humaine.