Idée reçue n°12 – « L’environnement, c’est pour les pays du Nord ; le développement, pour les pays du Sud. »
Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !
Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.
Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : Le développement durable est une expression qui est entrée dans le vocabulaire courant des citoyens mais aussi de la scène politique et médiatique. Mais finalement, de quoi s’agit-il quand on parle de développement durable ?
Nicolas (SEL) : Le terme de développement durable a été utilisé pour la première fois dans le rapport Brundtland, une publication rédigée en 1987 par une commission des Nations unies. Le développement durable y est alors défini comme étant – je cite – « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » . De nos jours, on résume trop souvent la notion aux seules questions environnementales. Pourtant, le développement durable va bien au-delà. Il prend aussi en compte les aspects économiques ou encore les aspects sociaux.
Le terme de développement durable a mis un peu de temps à s’imposer. On le voit. Mais récemment avec l’adoption des Objectifs de développement durable (les ODD), cela témoigne finalement d’une évolution importante au niveau international ?
L’adoption des ODD le 25 septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, témoigne d’un véritable changement de paradigme. En rapprochant les agendas « environnement » et « développement » de la communauté internationale, ils actent le fait que l’on ne peut plus cloisonner les défis auxquels le monde est confronté. Il faut une réponse unique et globale aux différents enjeux qui se présentent à nous. Il n’est plus possible de segmenter les choses comme on pouvait le faire avant.
C’est-à-dire ? Qu’est-ce qui change concrètement ?
Le raisonnement qui l’emportait consistait à tenir un discours du type : « L’environnement, c’est pour les pays du Nord ; le développement, pour les pays du Sud ». Une différentiation claire était faite entre les deux et elle se retrouvait au niveau des accords internationaux qui étaient négociés. C’est ainsi que les Objectifs du millénaire pour le développement – la feuille de route en matière de développement qui précédait les ODD – ne s’adressaient qu’aux pays du Sud. Et dans le même temps, le Protocole de Kyoto – qui était l’un des jalons des négociations environnementales – n’obligeait que les pays du Nord à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre .
Les Objectifs de développement durable sont en quelque sorte une synthèse de ces deux courants ?
Effectivement. Les ODD actent non seulement le rapprochement des questions d’environnement et de développement mais ils se veulent aussi universels c’est-à-dire comme devant s’appliquer dans les pays développés comme dans les pays en développement. Même si leur responsabilité historique est moindre, les pays du Sud ne peuvent plus se détourner des questions environnementales car ils sont malheureusement les premières victimes des changements climatiques.
Seulement, en pratique, cela reste quand même plus difficile pour les pays du Sud qui ne bénéficient pas toujours des moyens pour agir.
C’est là tout l’enjeu des différentes négociations internationales. Les États doivent s’engager sur la voie d’un nouveau développement, plus respectueux de l’environnement et ils ne pourront pas y arriver sans une certaine solidarité. Les pays en développement attendent alors une aide concrète des pays développés. C’est ce qui a motivé notamment la création d’un fonds vert pour le climat qui vise à soutenir les pays du Sud dans la lutte contre les changements climatiques.
Ce sera là l’un des défis des débats et de l’accord qui va être discuté à Paris lors de la COP21 du 30 novembre au 11 décembre.