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Idée reçue n°10 – « Le G20 réunit les vingt pays les plus riches du monde. »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : Le G20, c’est un sigle incontournable quand on parle de développement. Le G20 joue un rôle important au niveau des décisions internationales et c’est cette structure qui réunit les vingt pays les plus riches du monde ?

Nicolas (SEL) : Ça n’est pas tout à fait exact. Le G20 a beau représenter environ 85 % de l’économie mondiale et les 2/3 de la population mondiale, cette affirmation est inexacte à deux niveaux. Non seulement le G20 ne rassemble pas vingt États à proprement parler mais plus encore, ses membres ne font pas forcément partie des pays les plus riches du monde.

On va commencer déjà par détailler déjà la première remarque. Le G20 ne rassemble pas vingt États ?

Pas à proprement parler. Si on veut être plus précis, le G20 ne réunit pas vingt États mais dix-neuf, plus un groupement régional d’États : l’Union européenne. C’est d’ailleurs très rare qu’une organisation régionale soit membre permanent d’une organisation internationale.

Ensuite, une autre certitude qui s’effondre – j’ai envie de dire -. Les membres du G20 ne font pas forcément partie des pays les plus riches du monde ?

Là non plus. C’est une idée reçue. Parmi les membres du G20, certaines nations ne font pas partie des dix-neuf premières économies mondiales. Si on se fie au classement établi par la Banque mondiale, l’Argentine est à la 24e place des économies mondiales en termes de PIB en 2014 et l’Afrique du Sud à la 33e. Et pourtant toutes deux font partie du G20.

Par extension, est-ce que cela veut dire que certains pays dits riches économiquement ne sont pas représentés au G20 ?

Oui. Effectivement. A l’inverse, certaines des économies les plus importantes comme l’Espagne ou les Pays-Bas ne sont pas présentes au G20, ce qui peut parfois causer quelques tensions.

Pourquoi cela ? Est-ce par choix de ces pays eux-mêmes ?

Non. Cette composition approximative est le fruit de multiples compromis comme on peut l’imaginer. Elle s’explique notamment par les débuts de l’organisation. A l’origine, en 1999, il s’agissait de réunir une fois par an les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des principaux pays industrialisés et des principaux pays émergents pour faciliter la concertation internationale en matière économique. Ça n’est qu’en 2008 avec la crise que les chefs d’État et de gouvernement se sont réappropriés cet espace de dialogue.

On parle aussi souvent du G8, enfin du G7 maintenant. C’est différent du G20 ? Le G20 n’a pas remplacé le G7 ?

Effectivement, ce sont deux structures différentes. Le G7 est plus ancien. S’il a évolué au cours des dernières années, il regroupe actuellement l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. On a pendant longtemps parlé du G8 avec l’association de la Russie mais depuis les événements en Ukraine de 2014 une distance s’est réinstallée avec ce pays. D’où actuellement le terme de G7. Et puis, pour revenir à la question, le G20 n’a pas remplacé le G7. Chacune a son histoire propre. Actuellement, on se dirige plutôt vers une spécialisation de chacune de ces institutions : au G20, les affaires économiques ; au G7/G8, les questions plus politiques.

Pour aller plus loin : Jean-Michel Severino & Jean-Michel Debras, Idées reçues sur l’Aide au développement, Le Cavalier Bleu, 2010.

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