Apprendre la solidarité, en Église !
Située dans l’arrondissement le plus pauvre de Paris, l’Église Évangélique des chinois à Paris se mobilise depuis quelques années pour porter de multiples initiatives solidaires dans son quartier et à ses alentours. Visites et animations en EHPAD, préparation et distribution de repas pour les personnes sans domicile fixe ou encore organisation de braderies solidaires en sont les principales. Pasteur de l’Église, Pascal Yau nous en apprend plus sur la mobilisation en communauté auprès des démunis…
Pourquoi avoir choisi de mettre en place ces projets de solidarité au sein de votre Église ?
Ce qui a motivé le conseil pastoral c’était d’aider notre Église à voir les besoins de notre société et de répondre au commandement de Dieu. Jésus a dit : « j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais nu, et vous m'avez vêtu. » Donc c’est non seulement comprendre ce que Dieu nous demande, ce que Jésus nous commande, mais c’est aussi de pouvoir le mettre en pratique en Église pour aider chacun d'entre nous, en tant que chrétien, à ensuite jouer son rôle dans la société.
Aviez-vous des appréhensions au départ ? Si oui, lesquelles et comment les avez-vous dépassées ?
Oui. Nous avons, par exemple, beaucoup hésité à nous investir de manière institutionnelle auprès des personnes sans domicile fixe. Nous avions conscience qu’aider les gens, aimer les gens, ce n’est pas toujours facile et qu’on ne sait pas toujours comment le faire ; qu’on peut être débordé par certaines situations. Alors il faut apprendre et nous avons fait le choix de le faire avec une association, la Mission Évangélique parmi les sans-logis, pour pallier ces difficultés qui auraient pu être un frein. Profiter de l’expérience des associations qui ont l'habitude et qui savent où sont les pièges, qui savent aussi comment aider et poser des limites nous permet d'être beaucoup plus sereins et pertinents dans notre manière d'aimer.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
Les gens n’aiment pas trop les tâches répétitives. Dans la vie, il y en a souvent et ce sont ces choses qu’on voudrait au maximum évacuer pour en découvrir de nouvelles. Le souci, c’est que préparer un repas pour les personnes sans-abri on ne peut pas le remplacer par autre chose. On peut faire évoluer la manière de le faire mais on ne peut pas changer les besoins des gens. Alors il faut apprendre à être constant, à faire ces choses répétitives. Mais jusqu'à présent nous n’avons pas rencontré énormément de difficultés ni eu à gérer des crises qui auraient pu remettre en question ces projets.
Quels sont les moments préférés de l’assemblée dans ces projets ?
Les belles rencontres avec les équipes avec qui l’on porte ces projets mais aussi avec les personnes que l’on aide, celles à qui ces actions bénéficient. Ça c'est extraordinaire ! Si Dieu est venu pour se réconcilier avec nous, quelque part, je pense qu’à travers ces moments, nous avons un peu le sentiment que l’on vit aussi quelque chose de l’ordre de la réconciliation avec ces gens que nous ne connaissons pas, ces personnes qu’on voyait jusqu’aujourd’hui sans vouloir nous y confronter. Grâce à cela la solidarité et l’idée d’aimer prennent d’avantage de sens.
Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait porter des projets solidaires en Église mais qui aurait des craintes ?
Lancez-vous ! Le Seigneur dit qu'il nous faut aller dans ce sens ; l'Évangile est là pour que nous le vivions réellement ; Dieu a préparé les œuvres bonnes pour que nous les pratiquions. Ce sont des temps inestimables de bénédictions et de rencontre avec notre prochain. Il faut foncer et ne pas se laisser paralyser par l'inconnu seulement parce qu'on ne l’a jamais fait !
Un dernier mot ?
Soyons des petites lumières qui brillent dans les ténèbres, portons la lumière du Christ car c'est lui qui doit être vu au travers de notre vie. Vivons simplement comme des témoins dans toutes les sphères de notre existence, à commencer, peut-être, dans nos familles puis là où l’on travaille, où l’on vit mais aussi là où notre Église est implantée.
Retrouvez Pascal Yau dans l’épisode du mois dee juillet de La Rue du SEL pour en apprendre plus sur les façons de se mobiliser en Église auprès des plus vulnérables !