Le blog
En détails

Aimer son prochain : de l’étude à l’action !

Depuis septembre dernier, l’Église mennonite de Pfastatt utilise le livret « Aimer son prochain, qu’en dit la Bible ? » comme support pour ses études bibliques. Dans cette interview, son pasteur, Alexandre Nussbaumer, explique le pourquoi et le comment d’un tel choix et nous livre ses impressions.

Daniel Hillion : Vous avez décidé d’utiliser en Église le livret d’études bibliques Aimer son prochain qu’en dit la Bible ?  Pourquoi ce choix ?  

Alexandre Nussbaumer : J’avais proposé que nous ayons un thème qui guide l’année. Or nous avions reçu plusieurs interpellations au printemps dernier sur la dimension « missionnelle », d’engagement de service à la suite du Christ. Historiquement, notre Église soutient des œuvres, missions, partenaires, etc. au loin. Nous voulions aussi avoir une réflexion locale sur ce sujet.  

Le livret Aimer son prochain nous a paru adapté. Il se recommandait par les acteurs impliqués : la Ligue pour la lecture de la Bible, le SEL, CNEF Solidarité… et également, pour nous, par les contributeurs mennonites ! Nous y avons retrouvé une approche de l’Évangile comme bonne nouvelle du salut incarné dans le fait de donner, de recevoir… et de rendre aussi ! L’apport des différentes parties dans leur variété – questions, partie pratique, méditation biblique – est intéressant.  

C’est ainsi que nous avons proposé tout au long de l’année une étude biblique centrée sur ce livret. Comme notre programme est mensuel, 10 études nous convenaient parfaitement pour aller de septembre à juin. Nous avons acheté les livrets de façon groupée pour les participants. 

Pour vous, quelle est la place que devrait prendre le sujet de l’amour du prochain pauvre dans la vie des chrétiens et des Églises locales ? 

Notre ligne théologique est de mettre au centre la figure du Christ et de le voir comme la clé d’interprétation de toute l’Écriture. Or lorsque quelqu’un est venu à lui pour lui demander quel était le plus grand de tous les commandements, il a répondu que c’était l’amour de Dieu mais aussi l’amour du prochain qui lui est semblable.  

Il s’agit donc de lier une spiritualité verticale de la relation avec Dieu à une spiritualité horizontale de la relation au prochain. La place que devrait prendre l’amour du prochain est donc centrale. 

Comment se déroulent les réunions dans lesquelles vous vous servez du livret ? 

Nous l’utilisons dans des réunions faites sur Zoom, ce qui permet de rassembler des personnes qui ne se déplaceraient pas autrement. Pour cela, disposer d’un support que chacun puisse avoir chez soi est important.  

Nous donnons la date, nous précisons la partie du livre qui va être étudiée ainsi que le texte biblique. Lors de la réunion, nous commençons par lire ensemble le texte et par poser la question introductive. Puis nous nous répartissons en petits groupes pour les questions d’observation et d’interprétation. Nous nous retrouvons tous ensemble pour la partie applicative.  

Je cherche à la replacer dans un contexte local et nous essayons de trouver une idée à mettre en pratique pour le mois qui vient. Par exemple lorsque nous avons abordé Ésaïe 58, nous nous sommes demandé comment nous affranchir d’une spiritualité autocentrée. Et si c’était en nous efforçant d’avoir toujours une prière d’intercession pour des personnes extérieures à notre communauté ? Une proposition précise a émergé pour le faire sous la forme d’un calendrier pour l’Avent. 

Comment se sont déroulées les premières rencontres ? 

Honnêtement, il y a parfois des temps où les personnes ne s’expriment pas ! Dans la première réunion, il y a eu un silence jusqu’à ce que quelqu’un parle de sa propre expérience de la pauvreté dans son enfance. Peut-être faut-il se dire que les membres de notre Église ont été éduquées à la réserve sur les sujets du don, des finances, de la générosité ? C’est quelque chose qui est culturel et qui a aussi un côté biblique (la main gauche ne doit pas savoir quand la main droite donne !). 

Que diriez-vous pour encourager d’autres Églises à utiliser ce support ? 

Le sujet de l’amour du prochain ne me semblait pas d’abord aussi fortement lié à ceux de la pauvreté et de la richesse : mais j’ai trouvé originale cette approche par le biais du partage, de l’échange, des questions de justice et de réciprocité. 

La méthode d’étude biblique est simple : observation, interprétation, application. J’y vois une forme de sagesse pratique. Si on est prêt à aller au bout de la démarche en travaillant l’application, en mettant en œuvre une piste pendant le mois, cela donne une dynamique intéressante. En ce qui nous concerne, nous faisons le point en début de réunion en demandant des retours sur ce qui a été expérimenté par les uns et les autres depuis la fois précédente. Le risque de notre foi est en effet toujours d’en rester à une adoration qui est un élan du cœur et une promesse de mots mais qui ne va pas jusqu’à une action tangible. 

J’apprécie enfin d’avoir un parcours qui traverse toutes les couches du récit biblique aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament. Cela me paraît essentiel. 

Pour vous procurer Aimer son prochain : qu’en dit la Bible ?, rendez-vous sur site des Éditions LLB.

Commander le livre « Aimer son prochain : qu’en dit la Bible ? »

En savoir plus sur l'auteur
Daniel Hillion
Directeur des études au SEL