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Libéré des filets de l’esclavage !

L’esclavage, un mot qui, bien que familier, peut nous paraître lointain. Mais au Ghana, sur les rives du lac Volta, l’esclavage est une sombre réalité pour de nombreux enfants comme Ebenezer.

Ebenezer se souvient du jour où un étrange homme, accompagné de promesses vides, de faux sourires et d’un portefeuille bien garni, s’est présenté devant la maison de son arrière-grand-mère. « Acheté » pour quelques dollars, le garçon est emmené en eaux profondes sur le bateau de son « maître » alors qu’il ne sait pas nager. Commence alors, pour l’enfant de six ans, un long cauchemar.

En eaux troubles

Le lac Volta est le plus grand lac artificiel au monde mais derrière la majesté de ses eaux se cache une sinistre réalité : des centaines d’enfants, la plupart âgés de moins de dix ans, sont exploités dans l'industrie de la pêche.

« Les maîtres s’enrichissent, s’ils travaillaient avec des hommes, ils négocieraient leur salaire à la fin du mois. Mais les enfants, eux, n’ont pas leur mot à dire. Ils ne peuvent rien faire, ce ne sont que des enfants », explique Henry, directeur d’un Centre de Développement de l’Enfant et du Jeune (CDEJ, créé par une Église locale) de la région.

Bien que la traite des enfants soit illégale au Ghana, ces derniers, considérés comme une main-d'œuvre bon marché et dispensable, endurent des conditions de travail et de vie déplorables : régulièrement battus, beaucoup dénoncent également les abus sexuels et la privation de sommeil, de nourriture et d'eau auxquels leurs compagnons et eux-mêmes ont parfois dû faire face. De plus, séparés de leur famille et privés de la possibilité d’aller à l’école, de recevoir des soins médicaux ou de profiter de loisirs, leur développement, tant physique que cognitif et émotionnel, se retrouve fortement impacté.

Au cœur de la tempête

C’est dans ces conditions qu’Ebenezer travaille pendant trois longues années, jetant et tirant les filets jusqu'à ce que ses épaules brûlent et que ses mains saignent.

« Si tu ne travailles pas assez vite, le maître te frappe », se rappelle douloureusement Ebenezer.

Des années plus tard, il n’a toujours pas oublié cette eau sombre et froide dans laquelle il devait plonger pour dégager les filets coincés par les branches des arbres au fond de l’eau ; car pour créer le lac, une forêt avait été noyée. Tâtonnant dans l'obscurité, les yeux piquant, les poumons brûlant, l’angoisse montant, il priait pour retrouver son chemin vers la surface et pouvoir à nouveau respirer, sachant que tant d'autres n’avaient pas eu cette chance.

Noyés par la pauvreté…

La traite des enfants sur le lac Volta est un problème complexe enraciné dans la pauvreté. Trop souvent, la vulnérabilité des familles pauvres est exploitée et les enfants sont cédés pour des sommes dérisoires. La plupart des parents pensent que leurs garçons vivront dans des conditions décentes, beaucoup sont même persuadés que l’apprentissage du métier de pêcheur leur ouvrira la porte d'une vie meilleure.

« Ils aiment leurs enfants, simplement, ils ne connaissent pas les conséquences car les recruteurs leur mentent, et quand vous êtes pauvres, vous êtes vulnérables », déclare Henry.

La tête hors de l’eau

Au fur et à mesure que le temps passe, Comfort, la grand-mère d’Ebenezer, s’inquiète de plus en plus pour la sécurité de ses petits-enfants. C’est grâce à sa rencontre avec Henry, qui lui explique qu’ils peuvent recevoir du soutien avec le programme de parrainage, que, poussée par ce nouvel espoir, elle prend la décision d’aller chercher ses petits-fils au lac. Quel soulagement quand elle les retrouve après avoir négocié leur libération avec l’aide du directeur du CDEJ !

« Sans le soutien d’Henry pour ramener mes enfants du lac Volta, leur vie aurait été détruite. Il n’y a rien là où ils étaient, ni vie, ni espoir », se désole l’aïeule.

Et en effet, pour les milliers d’heures de labeur fournies en trois ans, Ebenezer reçoit 50 dollars.

Par-delà les vagues

Arrivé maintenant en dernière année de lycée, Ebenezer rêve de devenir ingénieur en mécanique. Malgré les traumatismes endurés, il puise sa force dans l'amour de sa grand-mère, la protection de son CDEJ et le soutien de son parrain, Daniel.

« J’ai assez souffert, je ne veux pas que ma famille ou mes enfants aient à endurer cela. Je souhaite qu’ils acquièrent suffisamment de connaissances pour mener une vie meilleure », confie l’adolescent.

De son côté, Henry œuvre auprès des enfants du CDEJ afin de leur enseigner leurs droits et de les aider à reconnaître les situations comportant des risques pour eux. Il parcourt également la région pour sensibiliser parents et leaders communautaires à la dure réalité de la vie et aux méthodes brutales employées sur le lac Volta.

« Compassion n’est pas là pour abolir le travail des enfants, mais dans un sens, nous devons plaider pour la protection de leurs droits », affirme le directeur.

Il en est certain, le parrainage est un moyen de briser le cycle de la traite des enfants au Ghana pour qu’ils soient libres, libres pour toujours.

Vous aussi parrainez un enfant et ainsi aidez-le à sortir du cercle de la pauvreté.

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