Ensemble, ils ont soulevé une montagne !
Imaginez un nuage de sauterelles si épais qu’il plonge la terre dans l’obscurité, si vorace que plus rien ne reste après son passage. Cet essaim cauchemardesque est craint par de nombreux agriculteurs de la Corne de l’Afrique comme Behailu... Heureusement, grâce à l’aide de sa communauté, ses inquiétudes se sont envolées.
En octobre 2020, les sauterelles envahissaient l’est d’Addis-Abeba, capitale éthiopienne. Chevauchant le vent, des nuées de locustes affamés recouvrent le ciel, prêts à dévorer des mois de labeur en seulement quelques heures. Impuissants, les fermiers assistent à la destruction de leurs récoltes. Déjà petit, Behailu craignait ces petits êtres ravageurs.
« Les plus âgés nous contaient comment les invasions de sauterelles emportaient tout : la nourriture, le gagne-pain et surtout, l’espoir », se souvient l’agriculteur de 46 ans.
De sombres perspectives
Alors que le ministère de l’agriculture mène des opérations d’épandage aérien d’insecticides afin de limiter les effets dévastateurs des sauterelles, il recommande aux agriculteurs de faire tout leur possible pour moissonner leurs champs au plus vite. Malheureusement, pour un bon nombre d’entre eux, cela se révèle plus facile à dire qu’à faire.
C’est le cas pour Behailu qui prie que la prochaine bourrasque ne soit pas porteuse de l’essaim redouté. Dépendant de ses récoltes pour nourrir et faire vivre sa famille, d’autant plus depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19, l’homme est rongé par l’anxiété.
« Avec la hausse de la demande, embaucher de la main d’œuvre était devenu trop cher », raconte le père de sept enfants. « Même en travaillant sans relâche, le champ semblait intact à la fin de la journée. Je me disais que si j’arrivais à mettre de côté de quoi manger pour ma famille je serai chanceux ! », ajoute-t-il.
Une Église solidaire
Voyant la détresse des agriculteurs, les membres de l’Église locale et les jeunes du Centre de Développement de l’Enfant et du Jeune (CDEJ) de la communauté décident d’agir. « Ce qui les affecte, nous affecte ! », déclare Solomon, pasteur de l’Église locale partenaire du CDEJ de Minjar depuis 2011.
Actif au sein de la communauté, le centre est connu de tous pour son engagement à libérer enfants et familles de la pauvreté, au nom de Jésus. Jugeant préférable de faire du travail préventif plutôt que de la réhabilitation – car mieux vaut prévenir que guérir – de nombreux membres de l’Église et du personnel du CDEJ se portent volontaires pour aider les agriculteurs à moissonner.
« En tant que membre de la communauté, lorsque cette plaie a frappé la région voisine et que nous avons vu son effet dévastateur, nous avons décidé de nous coordonner afin de les aider. Nous voulions également qu’ils sachent que nous serions toujours à leurs côtés pour les soutenir », explique le pasteur Solomon.
Un cadeau du ciel
Behailu est le premier à bénéficier de cette aide. Sa fille de 15 ans, Dagem, est une adolescente parrainée.
« Il était facile de voir l’anxiété et la détresse de mon père. Nous étions tous inquiets », commence Dagem.
« Cependant, après que mes amis du centre et des membres de l’Église soient venus nous assister pour la récolte, mon père était soulagé. Je m’estime très chanceuse de faire partie d’une communauté qui s’intéresse à moi et à ma famille. »
Behailu et sa fille
En effet, en seulement quelques heures, le labeur qui aurait nécessité des semaines à Behailu est achevé !
« Lorsque j’ai vu les amis de ma fille et des personnes de l’Église arriver dans ma ferme, je n’en ai pas cru mes yeux », confie-t-il, « Ils n’ont pas seulement sauvé ma famille de la famine, ils m’ont également permis de ne pas faire faillite. Ils sont un cadeau du ciel ! », ajoute l’homme plein de reconnaissance.
Apprendre à donner en retour
Pour le directeur du centre, cette initiative est une occasion pour les jeunes bénéficiant du programme de se mettre au service de leur prochain.
« Nous avons délibérément inclus les étudiants parrainés à cette action », explique-t-il avec fierté, « Nous souhaitions leur inculquer la joie de donner en retour, leur apprendre à aider les autres et à prendre en main leurs responsabilités sociales. »
Depuis leur première intervention à la ferme de Behailu, l’Église et le CDEJ ont continué à apporter leur aide à d’autres agriculteurs dans le besoin, y compris des familles n’ayant pas d’enfants suivant le programme de parrainage. Leurs efforts ont été reconnus par le gouvernement local comme des services communautaires remarquables et inspirants.
Alors que des enfants et des familles entières vivent dans la pauvreté et continuent de faire face à des crises multiples, les membres des Centres de Développement de l’Enfant se tiennent à leurs côtés. Dans un monde en crise, l’Église continue à partager l’amour de Dieu et à répondre aux besoins de son prochain de façon visible et concrète.
Pour aller plus loin
En cette fin d’année, si vous souhaitez parrainer un enfant et ainsi l’aider à sortir de la pauvreté, rendez-vous sur le site du SEL, onglet Parrainage.