Le blog
En détails

Vision, chantiers et défis pour les projets de développement du SEL

Fascinée par le travail humanitaire depuis son adolescence, Isabelle Duval est, depuis juin 2022, directrice des projets de développement au SEL. Dans cette interview, découvrez sa vision pour le département mais également les différents chantiers et les principaux défis que son équipe doit relever…

Vous êtes au SEL depuis maintenant plus de dix ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à venir y travailler ?

Isabelle Duval : Avant que j'arrive au SEL, j'ai eu une expérience dans le secours d'urgence. Je me suis rendue compte que ce qui m'intéressait, c'était d'être aux côtés des communautés locales. Une opportunité s’est présentée au SEL, qui, à l’époque, cherchait un/une chargé(e) de projet. Je me suis donc penchée sur ce que l’association faisait et cela correspondait vraiment à ma vision du travail de développement : avec, aux commandes, des partenaires locaux qui réfléchissent aux solutions, qui cherchent des moyens de mobiliser des ressources financières, humaines, matérielles, et avec, en appui, le SEL. Je trouve que cela met en valeur et respecte la dignité de chacun. J’ai donc adhéré à cette vision et c'est cela qui m'a poussée à y travailler mais également à y rester.

Le mois prochain nous fêterons votre 1er anniversaire en tant que directrice des projets de développement au SEL. Quelle vision avez-vous pour ce département ?

Celle d'être aux côtés de nos partenaires, de renforcer les capacités des associations locales tout en maintenant des relations claires, transparentes. Nous voulons transmettre des éléments clefs qui puissent les aider à consolider une activité durable mais ce ne sont pas juste des partenaires transactionnels, ils n’attendent pas seulement des fonds ou des avis techniques. Il y a un vrai échange qui se fonde sur les valeurs de respect, de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont. Des valeurs de fraternité et d’espérance, socle de notre identité et de notre foi !

Vous avez commencé, il y a peu, un travail autour de la protection des adultes et des enfants vulnérables, pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

La protection des personnes vulnérables commence par la prise de conscience qu'on peut, à travers nos actions d'aide ou de développement et sans le vouloir, blesser les adultes et/ou les enfants qui bénéficient des programmes. Le travail va donc être de mettre en place des processus simples pour s'assurer que toute personne en contact avec les bénéficiaires, connaît sa responsabilité vis-à-vis d’eux et surtout de laisser un espace pour signaler les cas de maltraitance, d’abus, de harcèlement...

Pour le personnel, les bénévoles et toutes les personnes engagées avec notre partenaire local, cela va aussi se traduire par le fait de veiller, d’être à l’écoute et, si suspicion d’abus ou abus avéré il y a, de savoir ce qu’ils peuvent faire, qui prévenir, etc.

Quelles formes ce travail prend-il ?

Au SEL, nous nous sommes dotés d'une politique de protection des enfants et adultes vulnérables qui a été validée par le conseil d'administration. Nous avons également un code de conduite communiqué au personnel du SEL dans lequel est inscrit que certaines attitudes ne sont pas permises.

Sur le terrain, nous animons des ateliers réunissant tous les partenaires locaux du SEL d'un même pays pendant une journée. Nous présentons ce qu'est la protection des personnes vulnérables, la politique du SEL et comment nous aimerions qu’ils se joignent à nous dans cette démarche-là. Une fois ces ateliers faits, nous échangeons avec eux. Chaque pays a sa culture propre, la manière dont on réagit en France ne sera pas la même qu’au Togo ou qu’au Burkina Faso. Cela nous permet de comprendre quels peuvent être les défis propres à une région ou de savoir comment est-ce que la politique peut correspondre à l’environnement de nos partenaires. Il n’est pas question d'imposer quelque chose qui ne soit pas adapté. Ensuite, pendant les mois qui suivent l'atelier, nous travaillons à distance avec les partenaires et des formateurs tiennent des séances en ligne ou en présentiel pour les accompagner à rédiger leurs propres politiques. C'est un vrai défi parce une grande partie du travail doit être fait à distance.

Comment ces ateliers sont-ils reçus de la part des participants ?

Nous n’avons que des retours positifs ! Les associations participantes œuvrent dans différents domaines mais elles ont toutes à cœur les personnes vulnérables et le partage de l'Évangile. Elles sont très heureuses de pouvoir se réunir et partager.

Et puis, les partenaires locaux voient l'utilité d'une politique de protection des personnes vulnérables car cela leur permet aussi de se protéger. En effet, si jamais une accusation est faite, fondée ou infondée, ils peuvent démontrer que des mesures préventives ont été mises en place.

Vous parliez de défis, en voyez-vous d’autres pour la suite ?

Nous avons beaucoup de partenaires très variés et de tailles différentes. Le grand défi est de réussir à travailler avec tous, tout en respectant l’identité de chacun mais également d'être proches d'eux et d’être à leur écoute tout en étant géographiquement loin.

Les situations d'insécurité qui se multiplient, sont un autre défi. Continuer à garder le lien, suivre les projets relève donc du défi !

Et puis, évidemment, il y a un défi lié au changement climatique et à ses énormes impacts. Les très fortes inondations et les sécheresses dans les pays de nos partenaires ont une incidence sur les récoltes. En ce moment, une crise alimentaire mondiale fait augmenter les prix des denrées, c'est un réel défi sur lequel nous souhaitons travailler dans les prochaines années : savoir comment accompagner nos partenaires pour s'adapter à ces changements.

Un dernier mot avant de se quitter ?

Ce que j'apprécie vraiment dans notre travail au SEL, c'est cette image de chaîne de solidarité où nous sommes tous des maillons situés à différents niveaux. On ne réalise absolument pas l'impact qu'un don peut avoir, même si c'est un petit projet. Alors, du fond du cœur, merci à tous nos donateurs !

Lors de son passage dans la Rue du SEL, Isabelle Duval nous a également parlé des projets santé des partenaires du SEL. Une belle occasion d’approfondir le sujet !

Voir l'épisode de La Rue du SEL avec Isabelle