Le rôle des mères dans les pays en développement
S'il est une catégorie de personnes qui a un rôle essentiel en matière de développement et dont on parle trop peu, ce sont bien les mères ! Explications.
Depuis sa création en 2010, ONU Femmes – l’entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes – s’efforce d’attirer l’attention sur le rôle que celles-ci jouent dans le développement rural, la sécurité alimentaire ou encore le recul de la pauvreté. Parmi elles, les mères se trouvent avoir un positionnement encore plus important de par la relation qui les lie à leurs enfants. Pourtant leur influence en matière de développement n’est bien souvent que peu évoquée. Cet article est l’occasion de nous y attarder un peu plus particulièrement.
Elles donnent la vie en risquant la leur
A l’exception des cas d’adoption, une particularité du rôle des mères réside dans le fait qu’elles donnent la vie. Malheureusement, la naissance d’un enfant – qui devrait être une cause de réjouissances – est bien trop souvent synonyme de graves dangers pour la santé des femmes des pays en développement.
L’amélioration de la santé maternelle est l’un des huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) adoptés en l’an 2000 par les Nations unies. Malheureusement, si le taux de mortalité maternelle a diminué de 47 % dans le monde au cours des deux dernières décennies, cet objectif reste celui dont la réalisation a le moins progressé.
On observe d’ailleurs un important fossé entre pays du Nord et du Sud sur cette problématique. Les femmes des pays les moins avancés connaissent en effet un risque 300 fois plus élevé que celles des pays développés de mourir en couches ou des suites de complications liées à la grossesse.
L’éducation des filles est cruciale dans ce combat. Le risque de mortalité maternelle est 2,7 fois plus élevé parmi les femmes sans instruction. La généralisation des soins est tout aussi importante. En 2011, il y a encore 47 millions de bébés qui sont nés sans soins appropriés dans le monde.
Bien qu’au centre des préoccupations, la mortalité maternelle n’est pas le seul enjeu de développement lié à la question des naissances dans les communautés rurales des pays en développement. Il ne faut pas négliger le fait que les mères peuvent aussi transmettre des maladies ou des insuffisances aux nourrissons. Ainsi, par exemple, la très grande majorité des enfants infectés du sida le sont avant la naissance, durant la grossesse, au moment de l’accouchement ou lorsqu’ils sont allaités (lorsque leur mère est séropositive).
Elles répondent aux besoins physiologiques des enfants
Une fois les enfants venus au monde, les mères s’attachent tout particulièrement à subvenir à leurs besoins physiologiques. Dans la plupart des pays en développement, ce sont elles qui prodiguent la majorité des soins aux jeunes enfants. Mais plus encore, c’est au niveau des besoins alimentaires des enfants qu’elles jouent un rôle prépondérant.
La bonne santé des mères est alors impérative pour que les nourrissons puissent retirer le meilleur de l’allaitement maternel. Les enfants nourris au sein ont, en effet, une probabilité au moins six fois plus élevée de survivre que ceux qui ne sont pas allaités. Ce rôle des mères ne s’arrête pas aux premiers mois des nourrissons, car des enquêtes menées dans de nombreux pays ont ainsi montré que les femmes assuraient 85 à 90 % de la préparation des repas dans les ménages.
Dans certaines régions du monde, les pratiques culturelles et traditionnelles font que les femmes sont les dernières à se nourrir. Lors d’une crise, elles sont d’ailleurs souvent les premières à se priver de nourriture pour que les autres membres de la famille aient suffisamment à manger.
Il arrive souvent que les mères travaillent dur pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Ces situations sont d’autant plus difficiles à concilier quand la mère est seule. Celle-ci doit alors redoubler d’effort pour pouvoir nourrir ses enfants. On peut notamment penser à l’histoire de l’égyptienne Sisa Abu Daooh qui s’habille en homme depuis plus de 40 ans pour nourrir sa famille.
Elles participent prioritairement à l’éducation des enfants
Même si parmi les populations des pays en développement l’éducation des enfants a bien souvent une dimension collective avec l’implication des grand-mères, sœurs ou encore tantes ; les mères sont néanmoins celles qui en sont les premières responsables. C’est à elles que revient la tâche fondamentale de transmettre aux plus jeunes ce qui constituera leur culture de référence.
Bien qu’elles évoluent progressivement, les communautés rurales des pays en développement restent encore fortement marquées par la tradition. C’est ainsi que, dans de nombreux pays, les soins et l’enseignement des jeunes sont considérés comme étant exclusivement du ressort des femmes.
C’est surtout pendant les premières années de l’enfant que l’influence de la mère se fait ressentir en matière d’éducation. Le lien est alors particulièrement fort entre la mère et cet enfant qu’elle garde au plus près d’elle. Durant cette période, l’apprentissage des enfants se fait essentiellement par le biais de l’observation et ceux-ci se construisent bien souvent en imitant leur mère.
En grandissant, si la généralisation progressive de l’école peut diminuer le rôle joué par les mères dans l’éducation des enfants, elle ne l’annule pas pour autant. Leurs prises de position sont essentielles pour la scolarisation de leurs enfants ; en témoigne la constitution de Clubs de mères qui militent pour l’éducation des filles en Gambie ou les statistiques qui révèlent que les mères instruites sont davantage susceptibles d’assurer la scolarisation de leurs enfants.