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Idée reçue n°32 – « Plus de croissance, c’est forcément plus développement. »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : Aujourd’hui, on va parler du lien entre croissance et développement. Il arrive parfois que certaines personnes utilisent un mot pour l’autre. Pourtant, ils sont bel et bien différents n’est-ce pas ?

Nicolas (SEL) : Oui. Il ne faut pas confondre les deux. La croissance économique peut être comprise comme l’augmentation de la richesse produite pendant une période donnée. Alors que le développement s’apparente plutôt à une amélioration des conditions de vie de la population. Les deux phénomènes sont donc distincts mais néanmoins liés. En effet, la croissance est bien souvent nécessaire au développement ; l’augmentation durable de la production d’un pays l’aidant à subvenir aux besoins fondamentaux de sa population.

On retrouve cette idée dans le calcul de l’IDH (l’indicateur de développement humain) ?

Oui. L’IDH est un outil statistique qui a été proposé pour mesurer le développement. Il ne permet pas d’en saisir toutes les subtilités mais c’est un instrument qui reste intéressant. Pour le calculer, on tient compte du PNB par habitant qui est le produit national brut par habitant, de l’espérance de vie à la naissance et du niveau d’éducation. On voit alors bien à travers ce mode de calcul que la croissance – représentée par le PNB par habitant – est considérée comme une source potentielle de développement.

Donc forcément, s’il y a plus de croissance, cela signifie que l’on a plus de développement ?

Ça n’est pas si simple malheureusement. Il peut aussi y avoir de la croissance économique sans qu’elle ne soit nécessairement accompagnée de développement. En fait, la croissance n’est pas une condition suffisante au développement. Puisque l’augmentation de la richesse d’un pays ne se traduit par une amélioration des conditions de vie de la population que si tous peuvent en profiter. La richesse créée doit donc dans une certaine mesure être partagée et il faut veiller à ce qu’elle ne soit pas concentrée uniquement dans les mains de quelques-uns.

Est-ce qu’il y a d’autres limites qui font que la croissance peut ne pas aller dans le sens du développement ?

Oui. On peut aussi aborder les questions environnementales. Si la notion stricte de développement n’y prête pas trop attention, celle de développement durable le permet davantage. Or, on se rend compte que la croissance économique peut nuire à un tel développement ! L’augmentation de la production peut en effet conduire à un usage excessif des ressources naturelles ou à une hausse importante de la pollution. Il faut donc encourager la croissance mais une croissance  qui soit respectueuse de l’environnement.

A propos de la relation croissance-développement, on a abordé jusque-là l’angle du développement comme conséquence de la croissance. Mais n’est-ce que cela ?

Si le développement peut être dans certaines circonstances une conséquence de la croissance, force est de constater qu’il peut aussi l’influencer. On se trouve alors dans une logique de cycle – vicieux ou vertueux selon les situations – où croissance et développement s’influencent réciproquement. Pour repartir du calcul de l’IDH, on remarque que l’éducation est essentielle dans la notion de développement. Or, si une population est mieux formée, elle sera aussi plus productive. C’est pareil pour ce qui est de la santé. Une population mieux soignée sera elle aussi plus productive.

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