Idée reçue n°3 – « Les Objectifs du Millénaire pour le Développement sont un échec »
Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !
Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.
Gwladys (radio arc-en-ciel) : Les Objectifs du millénaire pour le développement, de quoi s’agit-il ?
Nicolas (SEL) : C’est la plus grande campagne de lutte contre la pauvreté qui a été lancée dans les années 2000 à l’initiative des Nations Unies. Il s’agit d’une liste de 8 objectifs que les 189 États membres se sont engagés à réaliser d’ici 2015. Les OMD arrivent donc à échéance cette année.
C’est l’heure du bilan. Qu’en est-il ?
L’exercice est loin d’être évident à faire. Globalement, l’élan mondial suscité par la campagne des Nations Unies semble être un succès indéniable. C’est la plus grande campagne de lutte contre la pauvreté n’ayant jamais existé. La communauté internationale s’est fortement mobilisée autour de ces 8 objectifs. Les OMD ont permis de mobiliser et de canaliser les investissements. Le travail des experts et des chercheurs du développement a aussi bénéficié de cet élan. La société civile a été plus que jamais sensibilisée aux questions de pauvreté. Mais après, si l’on considère chaque objectif isolément le bilan est plus mitigé.
On pourrait dire alors que les Objectifs du millénaire pour le développement sont un échec ?
Pour les plus pessimistes, oui ! Seule une minorité des cibles seront atteintes en 2015. Et plus encore, aucun objectif n’ayant vu l’ensemble de ses cibles réalisées, on pourrait très bien considérer que chaque OMD a échoué. Les États n’ont vraisemblablement pas été toujours à la hauteur de l’enjeu. Preuve en est, en 2014, seuls cinq d’entre eux (Royaume-Uni, Danemark, Norvège, Luxembourg, Suède) ont respecté leur engagement d’affecter 0,7 % de leurs ressources à l’aide au développement.
Parallèlement, la question se pose aussi de savoir dans quelle mesure les progrès observés sont le fruit de la mobilisation de la communauté internationale.
Oui. Pour reprendre la cible 1.A des objectifs, il semblerait que les succès en matière de réduction de la pauvreté soient davantage liés aux performances de la croissance en Chine plutôt qu’à l’action de l’aide publique au développement : sur les 650 millions de personnes sorties de l’extrême pauvreté depuis 1990, 500 millions d’entre elles sont chinoises.
Là on vient de parler du regard plutôt pessimiste que l’on pouvait porter sur les Objectifs du millénaire pour le développement mais y a-t-il aussi des optimistes ?
Si l’on peut adopter un regard pessimiste, il y a aussi de nombreuses raisons de se réjouir puisque d’importants progrès ont été accomplis. Sur l’ensemble des différents indicateurs des Objectifs du millénaire pour le développement, tous ont connu une amélioration. D’ailleurs, certaines cibles ont été atteintes bien avant la date butoir de 2015. C’est ainsi que la proportion de personnes vivant dans un état d’extrême pauvreté a été réduite de moitié cinq ans plus tôt que la date fixée.
Après le bilan, les suites. Les Objectifs du millénaire pour le développement sont arrivés à échéance cette année en 2015 mais ça ne doit pas s’arrêter là ?
Les Objectifs du millénaire pour le développement montrent qu’il reste encore du chemin à parcourir mais il n’en est pas moins que la communauté internationale s’est mise en route et qu’elle est sur la bonne voie. Ces premiers pas doivent encouragés d’autres pas et surtout ils doivent en appeler de plus ambitieux encore et toutes les discussions autour des Objectifs de développement durable sont une réponse qui permettra d’aller au-delà dans la lutte contre la pauvreté.
Pour aller plus loin : Nations Unies, Objectifs du millénaire pour le développement, Rapport 2015.