Mais qui est Samuel Korgo ?
Samuel Korgo a dirigé un centre d’accueil d’enfants parrainés au Burkina Faso. Il est aujourd’hui, diplômé de la Faculté de Théologie de Vaux-sur-Seine et pasteur d’une église des Assemblées de Dieu à Ziniaré.Nous l’avions déjà accueilli en France en 2016, pour une tournée. 2 ans après, il revient, accompagné de Jean-Yves Patrick, un jeune parrainé burkinabé.
SEL : Bonjour Samuel. Qu’est ce qui t’a amené à t’engager comme directeur d’un centre de parrainage ?
J’ai toujours travaillé parmi les enfants. D’abord comme animateur et moniteur d’enfants au sein de mon église locale ; ensuite comme formateur des animateurs d’enfants. En 2007, quand le Centre de Développement de l'Enfant et du Jeune (CDEJ) a été ouvert à Ziniaré par Compassion, j’ai été recruté et détaché pour diriger le Centre, avec l’autorisation de mon église locale. J’ai dirigé le centre de 2007 à 2011 : le nombre d’enfants parrainés est passé de 160 à 284 en quatre ans !
Quelles étaient tes motivations pour t’investir dans ce centre ?
Mon expérience précédente dans une Association, la Bergerie m’avait permis de côtoyer au quotidien la pauvreté et la misère là où je vivais. En tant que conseiller psycho-social, mon devoir était d’accorder une oreille attentive à toute ces personnes en souffrance, de leurs apporter des conseils et un soutien moral.
Avec l’ouverture du Centre de Développement, j’ai vu enfin un moyen concret pour attaquer la pauvreté à la racine. Le Centre proposait un programme cohérent et varié qui prenait en compte non seulement les besoins immédiats des enfants les plus pauvres, mais aussi et surtout le développement de toute la personne. Grâce au Centre, la possibilité nous était enfin accordée d’agir concrètement en vue de changer le quotidien de la population en matière de santé, d’éducation, d’activités économique, etc.
À quelles difficultés as-tu été confronté ?
Au Burkina, nous faisons face à plusieurs difficultés. Dans notre cas, les principales concernent l’éducation et la santé.
Si l’éducation primaire est déclarée gratuite et obligatoire, les parents peinent pour assurer la scolarité de leurs enfants. Le nombre croissant d’enfants non scolarisés et déscolarisés explique en partie la recrudescence du phénomène des enfants de la rue.
Quant à la santé, pas besoin d’être spécialiste de la question pour constater le manque de moyen des burkinabè pour accéder aux soins médicaux. Pour ne citer que quelques difficultés, le coût de la consultation médicale, l’achat des médicaments, l’hospitalisation sont au-dessus des possibilités de la majeure partie de la population. Il faut aussi signaler la récurrence de certaines maladies due à la faible scolarisation de la population : maladies hydriques, augmentation des cas de paludisme surtout chez les enfants, …
Entre autres difficultés, on peut aussi citer : le faible revenu des ménages (les revenus sont liés aux saisons), le manque d’emploi (surtout chez les jeunes), la mauvaise gouvernance, le manque d’encadrement des cultivateurs, etc.
Qu’apporte à l’enfant le fait d’être parrainé ?
Beaucoup de choses, à plusieurs niveaux et adaptées aussi aux âges des enfants.
Les pensionnaires du centre bénéficient d’un repas communautaire hebdomadaire avec de l’eau de bonne qualité, d’une prise en charge sanitaire globale, d’activités sportives, de visites médicales régulières, d’actions de sensibilisation à la protection de l’enfant. Grâce à ces actions, ils jouissent d’une bonne santé.
Ils bénéficient aussi d’un suivi scolaire : cours de répétition, cours pendant les vacances, aide pour couvrir les frais de scolarité comme l’apport en fournitures.
Enfin, les enfants parrainés bénéficient d’un enseignement chrétien : découverte des histoires bibliques, possibilité de participer aux camps d’enfants et d’adolescents. Ils peuvent aussi recevoir une formation musicale, des enseignements sur les valeurs de leur culture à travers des activités pédagogiques.
Pour les plus âgés, nous proposons des préformations professionnelles en menuiserie, soudure, informatique. Nous insistons sur la promotion de l’excellence grâce aux sorties et aux bourses que nous leurs accordons. Et cela fonctionne : les enfants parrainés sont plus éveillés et plus épanouis.
Pour finir, n’oublions pas les familles des enfants parrainés qui sont soutenues en cas de désastre (chute de maison, famine, épidémie, inondation) et bénéficient d’aides pour financer des activités génératrices de revenus, par exemple en étant formés en entreprenariat.
Quel est le rôle des communautés chrétiennes locales dans le parrainage ?
Elles sont les initiatrices des projets. Ce sont elles qui fournissent les infrastructures et le personnel d’encadrement. Elles veillent aussi à mobiliser leurs membres autour des activités du Centre pour recruter des volontaires, cuisinières et aides animateurs.
Merci Samuel pour ce précieux éclairage sur le fonctionnement et les bienfaits du parrainage d’enfants.
Samuel Korogo sera en France du 29 septembre au 15 octobre ! Il viendra accompagné de Jean-Yves Patrick, enfant parrainé au Burkina Faso.