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La compassion ? Indispensable face à la pauvreté

Dieu nous appelle à aller auprès des plus pauvres… Pourquoi sont-ils si importants aux yeux de Dieu ? Quel rôle joue la compassion dans la manière de mener une action chrétienne dans un monde en détresse ?

Le livre des Proverbes affirme : « Opprimer le pauvre, c’est outrager son Créateur, mais avoir de la compassion pour les indigents, c’est l’honorer. » (14.31 version Semeur) La parabole du Bon Samaritain aboutit à la conclusion que celui qui a été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands était celui qui avait exercé la miséricorde envers lui (Luc 10.36-37). 

Maillons d’une même chaine

Dieu a créé les humains en mettant entre eux toutes sortes de liens différents : conjugaux, familiaux, de proximités diverses, mais aussi « simplement » de nature humaine commune. Il faut également souligner le lien surnaturel qui existe entre ceux qui font partie de son peuple. Étant ainsi reliés les uns aux autres de diverses manières, il est normal et juste que nous nous laissions toucher par la souffrance de ceux dont Dieu a vraiment voulu que nous soyons proches et que nous agissions en conséquence.  

Quand on apprend à la voir ainsi, la compassion n’apparaît plus comme cette attitude condescendante, distante ou paternaliste qu’il peut être tentant d’adopter face à ceux que frappe le malheur. Elle est plutôt une manière de prendre au sérieux le « comme toi-même » du commandement de l’amour du prochain, de nous ouvrir véritablement à ce qui affecte notre semblable, comme si cela nous affectait nous-mêmes. 

Le Dieu des pauvres

Plus encore : Dieu lui-même s’est attaché d’une manière toute particulière la créature humaine qu’il a faite comme son image, au point qu’il prend pour lui l’oppression faite au pauvre ou la compassion qui lui est manifestée. Dieu est un Dieu de compassion même au sein des ténèbres et du mystère de la souffrance et de l’injustice dans le monde et dans notre vie. L’Écriture montre que le pauvre qui se tourne vers lui ne le fait jamais en vain. En Jésus, elle nous révèle l’ardente miséricorde de notre Dieu qui vient nous visiter, se faire proche de nous et accomplir le salut (cf. Luc 1.68, 78). 

Comme l’explique l’article « miséricorde, compassion » du Dictionnaire de théologie biblique,  

[l]e peuple des croyants doit servir de canal à la miséricorde divine, dans l’Église et dans le monde. La compassion et les actes de miséricorde à l’égard de ceux qui sont dans le besoin sont des signes d’appartenance à Dieu ; l’absence de miséricorde démontre le manque de foi et le rejet de Dieu (Rm 1.28, 31). 

Une définition biblique

D’après la Bible, le pauvre est quelqu’un qui souffre de carences dans des domaines aussi élémentaires que la nourriture, le vêtement et d’autres besoins de base. C’est une vision concrète qui est propre à nous faire sentir les drames personnels qui sont impliqués dans les situations de pauvreté. Avec un minimum d’empathie, nous pouvons tous nous rendre compte que c’est dur d’avoir faim, même un peu, et que c’est horrible de passer sans ressources par une famine. Ne pas être correctement vêtu peut entraîner une souffrance physique ou des maladies mais c’est aussi gênant et humiliant.  

Ne nous rendons pas insensibles à ces réalités pour nous protéger nous-mêmes. Il ne s’agit pas de nous laisser guider uniquement par nos émotions et nos sentiments ni d’être submergé par eux ou de prétendre porter le monde sur nos épaules mais de ne pas devenir dur ou égocentrique. 

L’ingrédient indispensable

La compassion à laquelle nous sommes appelés ne sera pas seulement ressentie mais bien exercée : elle doit se traduire en actes. Il peut même arriver que ce soit en commençant par des actions simples comme donner (le mot « aumône » en Matthieu 6.1-4 est parfois aussi traduit par « actes de compassion ») ou s’impliquer personnellement dans la vie de quelqu’un que l’on en vienne à éprouver de la compassion. Il va s’agir de choisir consciemment de mettre à part une partie de ce que l’on possède pour le communiquer à ceux qui sont dans le besoin et de donner aussi de sa personne. Nous pourrons parfois être inspirés par des personnes qui, vivant elles-mêmes dans la pauvreté, se révèlent être des exemples de partage envers les autres. 

La compassion est une vertu à cultiver. Il y a là quelque chose qui relève d’une forme de discipline spirituelle et humaine et qui passe par des renoncements parfois coûteux ou parfois aussi par des choses très simples comme apprendre à regarder vraiment le visage de son prochain. Mais il s’agit d’abord et avant tout d’apprendre à contempler le visage du Christ et de redécouvrir encore et toujours la compassion de Dieu manifestée en lui. C’est Lui le Bon Samaritain qui a secouru les blessés que nous sommes et qui nous remet debout en nous disant : « Va, et toi, fais de même. » 

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Daniel Hillion
Directeur des études au SEL