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Impulsion Économique : briser le cycle de la pauvreté

« Trop souvent, on naît pauvre et on le reste ; on ne le devient que plus rarement », déclarait Bernard Seillier, rapporteur de la mission commune d'information sénatoriale sur les politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Et en effet, rester pauvre résulte bien souvent d’une multitude de facteurs qui limitent opportunités et ressources des individus dès le départ et les empêche de briser le cycle de la pauvreté quand bien même ils seraient déterminés à en sortir.

La Banque Mondiale affirme que la mobilité socio-économique pour les plus pauvres des pays à faibles revenus, dont la plupart se trouvent en Afrique et en Asie du Sud, est particulièrement faible. Cette « transmission » de la pauvreté d’une génération à l’autre est la conséquence de multiples facteurs.

LA PAUVRETÉ EN HÉRITAGE

Premièrement, les plus défavorisés ont souvent un accès limité à une éducation de qualité en raison de la distance à parcourir pour atteindre les écoles, les frais de scolarité trop élevés et/ou le manque d’infrastructures éducatives (particulièrement en zones rurales). Limitant leurs opportunités futures et maintenant les individus dans des emplois mal rémunérés et précaires, l’absence ou l’insuffisance d’éducation scolaire contribuent à perpétuer le cycle de la pauvreté. De plus, les contraintes financières et le manque d’accès à des services de santé adéquats dans les foyers pauvres affectent la santé et le développement des enfants dès leur plus jeune âge, compromettant ainsi leur potentiel futur.

UN DÉPART DÉSAVANTAGEUX

De nombreuses cultures, comme celles d’Afrique subsaharienne, ajoutent à cela des inégalités entre garçons et filles. En effet, les filles y sont souvent désavantagées dès l’enfance puisque moins de valeur et de droits leur sont généralement donnés. Ainsi, si une famille a peu de moyens, le garçon sera favorisé plutôt que la fille notamment en termes d’éducation car culturellement, les femmes sont celles qui quitteront la famille lorsqu’elles se marieront et sont ainsi moins bénéfiques à la famille. Les mariages et maternités précoces peuvent également priver les jeunes filles d’une éducation adéquate tout comme les rôles traditionnels assignés aux femmes dans les tâches domestiques et agricoles restreignent leurs possibilités d’emploi, de prêts et derevenus.

Pour les femmes comme pour d’autres, le manque d’accès à des moyens financiers, tels que les prêts et le crédit, représente un obstacle majeur à la sortie de la pauvreté. Les individus et les petites entreprises qui n’ont pas accès à des services financiers formels, du fait de l’absence d’infrastructures ou du refus de celles-ci de leur octroyer un prêt (car jugés trop pauvres, le cercle vicieux continue...), se retrouvent dans l’impossibilité de développer leurs activités. Les populations pauvres se retrouvent souvent à dépendre d’emprunts informels à des taux d’intérêt exorbitants aggravant leur situation financière.

DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES

Si les conditions de départ peuvent d’emblée limiter les chances de changer de situation socio-économique, certaines circonstances viennent encore plus les amoindrir. Les conflits armés et l’instabilité politique en font partie du fait de leurs conséquences dévastatrices sur les économies et les sociétés. Destruction d’infrastructures, perturbation des activités économiques, déplacement de populations (rimant avec perte de revenus et de terres), entrave à l’éducation et à l’accès de services de santé, tous ces éléments favorisent le cumul de conditions précaires pour les communautés qui se retrouvent d’autant plus fragilisées.

Depuis quelques années, on remarque que les facteurs environnementaux contribuent aussi à renforcer la pauvreté. Les changements climatiques, la dégradation des terres et les catastrophes naturelles fréquentes ont un impact disproportionné sur les communautés déjà vulnérables. Les populations dépendant de l’agriculture sont particulièrement touchées puisque leurs moyens de subsistance sont directement menacés par les sécheresses, les inondations et la perturbation des saisons de culture.

UNE CONFIANCE ÉBRANLÉE

Souvent oublié, le manque de confiance en soi est un réel frein à la croissance économique des individus défavorisés. Exposés à des obstacles et à des échecs répétés dès leur plus jeune âge, leur confiance en leurs propres capacités peut être ébranlée et, plus tard, les empêcher d’explorer des nouvelles opportunités d’éducation, de formation ou de prendre des risques pour se lancer dans d’ambitieux projets. Découragés et ne croyant pas ou plus en leur propre potentiel, les plus pauvres auront donc tendance à se limiter aux options leur semblant sûres et familières, les maintenant ainsi dans des emplois peu rémunérateurs et peu gratifiants, perpétuant le cercle vicieux de la pauvreté.

S’ÉQUIPER POUR FAIRE FACE ÀLAPAUVRETÉ

Malgré le nombre important de défis socio-économiques et leur complexité, des chemins vers la sortie de la pauvreté existent même lorsque les conditions de départ sont des plus défavorables. Tout d’abord, les initiatives d’éducation et de formations, comme par exemple en couture, en coiffure, en soudure ou en menuiserie, permettent aux individus d’acquérir les compétences nécessaires pour démarrer une activité professionnelle. Des formations techniques, à la gestion, au marketing ou même au permis de conduire, leur donnent également les bons outils pour mieux gérer une activité déjà existante et peuvent les aider à accéder à des emplois plusqualifiés.

L’accès à des équipements de qualité rend, lui aussi, la mise en oeuvre d’une activité de production plus aisée. La fourniture de kits d’installation comportant machines, outils et matières premières (fil, bois, soude, huile…) est parfois la seule chose qui manque aux plus démunis qui, tout en ayant les compétences, n’ont malheureusement peu ou pas de moyens financiers pour correctement s’équiper et rendre leur activité florissante.

LA FINANCE POUR TOUS

Dans le même ordre d’idées, des initiatives visant à favoriser l’accès aux moyens financiers formels ou informels (prêts ou épargnes) contribuent à faciliter le lancement d’activités économiques durables, engendrant des revenus stables et la possibilité de sortir de la pauvreté. Des groupes d’épargne et de crédit permettent ainsi aux populations de se réunir pour épargner et mettre de l’argent de côté ensemble tandis que des instituts de microfinance accompagnent ceux qui n’auraient pas accès aux banques traditionnelles afin de les aider dans le démarrage d’activités génératrices de revenus.

Avec l’impulsion nécessaire et ce, même avec des conditions de départ difficiles, les plus pauvres peuvent donc non seulement développer leur commerce et faire grandir leur entreprise mais également scolariser leurs enfants, payer des frais de santé, se nourrir correctement.

Au-delà des aspects techniques indispensables pour lutter contre la pauvreté, on peut également souligner que le message biblique lui-même est aussi un puissant facteur de développement : par le fait qu’il promeut la dignité des humains créés en image de Dieu et combat le fatalisme ainsi que par l’espérance qu’apporte l’Évangile. Quand des projets concrets sont menés par des chrétiens locaux qui vivent leur foi d’une manière appropriée à leur contexte, ils apportent une contribution spécifique à l’effort pour briser le cercle vicieux de la pauvreté.

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