Idée reçue n°35 – « Les changements climatiques ne représentent qu’un enjeu environnemental. »
Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !
Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.
Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : Les changements climatiques ont monopolisé l’attention en 2015. Il s’agit d’un enjeu majeur en matière d’environnement !
Nicolas (SEL) : Le sujet des changements climatiques a effectivement rythmé l’année 2015 avec en point d’orgue la COP21 et la signature de l’Accord de Paris. Il s’agissait de prendre des mesures concrètes et contraignantes pour arriver à enfin mobiliser la communauté internationale sur la question des changements climatiques. S’il faut veiller à ne pas dramatiser la situation, le sujet ne doit pas être pris à la légère pour autant. Il s’agit de l’avenir de la planète sur laquelle nous vivons. Nous devons alors chercher à en préserver l’écosystème et la biodiversité.
Quand on parle de changements climatiques, on fait très rapidement le lien avec la montée des températures. Est-ce le seul aspect de ce phénomène ?
C’est l’une des principales conséquences des changements climatiques. Pour autant, le réchauffement climatique ne peut pas se réduire uniquement à une hausse des températures. D’autres enjeux environnementaux existent. On peut notamment penser à l’élévation du niveau des océans. Ils sont montés de 20 cm en un siècle et si la progression continue sur cette lancée il y a de quoi s’inquiéter pour les petits états insulaires. L’acidification des océans aussi est l’un des effets les plus méconnus et les plus inquiétants des changements climatiques. La rapidité de ce phénomène est inédite et inquiète fortement les spécialistes.
On a parlé des enjeux environnementaux des changements climatiques. Sont-ils les seuls ?
Le souci de préserver la planète devrait à lui seul suffire à nous mobiliser. Pour autant, force est de constater que les changements climatiques devraient aussi avoir des conséquences dans d’autres domaines et notamment au niveau social. En effet, les conditions de vie de nombreuses personnes risquent d’être affectées par ces bouleversements. Pauvreté et changements climatiques semblent inextricablement liés et cette réalité ne peut pas nous laisser indifférent…
Un premier aspect, c’est que les pauvres seront les premières victimes des changements climatiques ?
C’est bien ça. Les zones géographiques qui sont particulièrement concernées par les changements climatiques correspondent globalement à des régions où la pauvreté est déjà fortement présente. Il y a là d’ailleurs une profonde injustice puisque s’ils vont supporter 80 % des dégâts occasionnés par le réchauffement de la planète, les pays en développement ne sont à l’origine que de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. A noter aussi que ceux qui vivent dans la pauvreté sont aussi ceux qui perdent le plus quand ils sont frappés par des catastrophes. Leur patrimoine n’est pas placé sur un compte bancaire mais il se résume souvent à du bétail ou à leur logement et il est par conséquent beaucoup plus précaire.
Un second aspect, c’est que les changements climatiques risquent aussi de plonger de nouvelles personnes dans la pauvreté ?
Selon une étude de la Banque mondiale, sans la mise en œuvre d’un développement rapide et solidaire qui ne nuise pas au climat, 100 millions de personnes pourraient tomber sous le seuil de pauvreté à l’horizon 2030. Les mauvaises récoltes dues à la diminution de la pluviosité, les flambées des prix alimentaires provoquées par des phénomènes météorologiques extrêmes ou encore la propagation de maladies sous l’effet de vagues de chaleur et d’inondations sont autant de risques potentiels de voir la pauvreté se développer.