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Faire face à la crise alimentaire

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à de multiples crises. Pasteur mais également président d'une association partenaire du SEL au Burkina Faso, Etienne nous éclaire sur la crise alimentaire subie par les burkinabés et présente les actions entreprises par le gouvernement et par son association pour apporter un peu de répit aux plus démunis...

SEL : Pourriez-vous faire un point d’actualité sur la situation alimentaire au Burkina Faso ?

Étienne : La situation alimentaire au Burkina Faso est préoccupante. En 2023, le pays a produit presque assez de céréales pour subvenir aux besoins de sa population. Ce qui complique la situation, c'est la spéculation des commerçants, l’inaccessibilité de certaines régions par manque d’infrastructures routières adéquates mais également l’exportation malheureuse de la production nationale. En effet, certains pays voisins comme le Ghana, qui autrefois exportaient le surplus de leurs productions, sont aujourd’hui devenus importateurs de nos céréales. Toutes ces raisons font que la production locale peine à couvrir les besoins de la population.

De plus, nous sommes témoins sur le terrain, depuis le deuxième trimestre 2023, des hausses des prix des denrées alimentaires. Les prix pratiqués sont hors de la portée des populations. Lorsque les prix augmentent, les familles les plus vulnérables vivant dans la précarité se retrouvent piégées et leurs conditions de vie deviennent insupportables. Nous sommes donc contraints, par moment, d’acheter des vivres à Ouagadougou afin de les convoyer dans certaines régions. Le prix du carburant et des transports a aussi connu une augmentation, compliquant d’avantage la situation. Les campagnes sont plus touchées que les villes mais la situation dans l’ensemble nécessite des actions vigoureuses.

Le gouvernement a-t-il mis des choses en place pour palier cette crise ?

Oui, le gouvernement a déployé des moyens pour tenter de juguler le problème mais les difficultés sont énormes… Des mesures d’interdiction d’exportation de vivres sont prises mais, d’un autre côté, les frontières sont poreuses ; des points de vente de vivres à prix social sont organisés à partir des stocks constitués par l’État mais cela ne permet pas de résoudre le problème qui est général ; des opérations de distribution gratuite de vivres sont également mises en place pendant les périodes de soudure (à partir de juillet) mais les besoins énormes dépassent les disponibilités…

En tant qu’association, quelle a été votre réaction pour faire face à cette situation ?

Notre association a réagi en commençant des distributions de vivres aux personnes très vulnérables dans la limite de ses moyens. C’est ainsi, qu’en 2022, plus de 11 tonnes de maïs ont été distribuées grâce aux contributions locales !

Avec l’aide du SEL, un projet d’autonomisation des femmes vulnérables a également été initié. Les résultats de la première année ont prouvé que la solution est là, près de la population et qu’ils peuvent sortir eux-mêmes de cette situation. Nous croyons et nous souhaitons leur montrer que la solution à leur pauvreté ne peut que venir de leur côté. Ils ont des potentialités inexploitées qu’il faut simplement réveiller en eux, par la mobilisation.

Enfin, nous mettons notre confiance en Dieu qui est le pourvoyeur illimité et le soutien de ceux qui souffrent. Nous sommes convaincus et nous partageons cette foi infaillible à ceux qui souffrent, afin de susciter en eux la conviction que Dieu peut intervenir.

Qu’avez-vous à dire aux chrétiens en France qui liront ces lignes ?

Je souhaite, tout d’abord, manifester ma gratitude envers tous ceux qui ont [...] contribué à la mise en place des projets d’assistance aux personnes vulnérables. De cette manière, vous permettez à toutes ces personnes de connaître le grand amour de Christ pour les abandonnées et plusieurs ont fait de Lui leur Seigneur et Sauveur.

J’aimerais ensuite demander aux chrétiens en France de prier de façon fervente pour une intervention divine face aux problèmes auxquels sont confrontées ces personnes qui n’ont pas demandé à être dans cette situation. Mais aussi de démontrer leur amour en participant massivement aux projets d’assistance aux pauvres qui constituent aujourd’hui le moyen le plus efficace pour faire passer le message de l’Évangile à ces personnes traumatisées par les crises sociale, économique et spirituelle.

Nos prières et notre soutien compte ! C’est pour cela que nous avons mis en place le fonds d’Urgence Crise Alimentaire afin d’aider nos partenaires à être des témoins de l’amour de Dieu. Rendez-vous sur notre page Urgence crise alimentaire pour en savoir plus.